Ker violette de Karine Fougeray

Publié le par Armande

C'est en parcourant des blogs littéraires que j'apprécie que j'ai découvert cet auteur. Déjà, le titre de son premier recueil de nouvelles: "Elle fait des galettes, c'est toute sa vie"' ne pouvait qu'aller droit au coeur de la Bretonne que je suis, de même que le "Ker" du titre. Dire que j'ai adoré est un peu excessif, j'ai eu quelque mal à suivre l'héroïne dans sa quête de son cheval et aussi sans doute de son enfance perdue. Pourtant, il y a de très belles pages sur l'amour absolu que le personnage principal voue à une mère incapable de lui rendre autant d'affection.
Certaines scènes, en revanche, comme celles de la mère entrant dans la mer, nue sur son cheval ,m'ont semblé friser non pas la poésie mais le ridicule.
Un personnage m'a marquée, Violette, la vieille dame qui fouille dans les chambres de ses hôtes de passage et pleure toujours un mari pêcheur disparu en mer à l'âge de vingt-neuf ans.
Son homme, elle le regrette et elle le déteste, pour avoir trouvé, après son décès, des lettres d'une femme qui semble avoir été sa maîtresse.
Je trouve le personnage plus vraisemblable que celui de Clara, moins dans l'excès, moins dans la démonstration bruyante de son désespoir, plus ordinaire mais pas moins humaine.
J'aime les descriptions que Karine Fougeray fait de la maison: Ker Violette et son style imagé.
Dans l'extrait qui suit, Violette parle de sa nappe de cuisine:
"Je me suis assise à la table et j'ai regardé la toile cirée pendant des heures, immobile. A des emplacements précis, j'ai remarqué l'usure de certains carreaux vichy. Des marques plus claires s'étaient imprimées au fil du temps, des signatures de chaudrons en terre, de dessous-de-plat, de casseroles trop chaudes. Des ustensiles culinaires qui racontaient une vie de nappe.Je me suis demandée pourquoi ces objets héritaient toujours de la même place, sur la toile cirée ? Toutes ces années, les marmites, les cocottes avaient-elles tenté de me soudoyer ? S'il vous plaît Violette, soyez gentille, réservez-nous la meilleure place sur la table, la même que d'habitude.
Tout se renouvelait donc sans cesse sur la terre ? Tout revenait à la même place ?"
Tirer une leçon de vie de l'observation d'une nappe, sacré tour de force... Je vous laisse, il faut que j'aille scruter la mienne de plus près, des fois qu'elle ait des secrets à me révéler.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
J'avais bien aimé le recueil de nouvelles mais sans plus. Je ne sais pas si je lirai celui-ci. Ce que tu en dis ne me tente pas franchement.
Répondre