Prix Elle 2010 : les résultats !

Publié le par Armande

Et les grands gagnants sont : Eric Fottorino, Véronique Ovaldé et Jesse Kellerman. Je n'avais pas le tiercé gagnant !

 Voici les articles que j'avais rédigés à l'époque où leurs livres étaient arrivés dans ma boîte aux lettres...

 

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   Le 11 mars 2008, le père adoptif d'Eric Fottorino s'est donné la mort d'un coup de carabine. Son corps a été découvert dans sa voiture, garée sur un parking d'un quartier nord de La Rochelle.
   Ces quelques lignes, qui ont la sécheresse d'un fait divers, vont foudroyer l'auteur. Son livre me semble être le moyen qu'il choisit, si tant est qu'on choisisse d'écrire, pour exprimer l'amour qu'il éprouvait pour cet homme. Cette démarche au début m'a heurtée, ma conviction profonde est que le deuil est de l'ordre de l'intime et ne se partage qu'avec ses proches. Puis, j'ai passé outre cette réticence, chacun compose comme il peut avec sa douleur. Si Eric Fottorino trouve l'apaisement à travers l'écriture qui, pour lui, redonne souffle et vie à son père, il ne me reste plus qu'à m'incliner et découvrir Michel, kiné aux mains d'or et au verbe rare.
   Pour Eric Charbrerie, la vraie vie à  commence  à neuf ans avec l'arrivée de cet homme qui apportera sa force tranquille et sa lumière au duo que formaient l'enfant avec sa mère, seule à l'élever et de ce fait mal vue par la société. Il devient Eric Fottorino, va porter ce nom "comme un talisman, qui sentait la Tunisie du Sud, les pâtisseries orientales, l'accent de là-bas, la chaleur et le bleu du ciel, les dunes de Tozeur et le miel". Il boit les rares paroles de Michel, il s'imprègne de la culture de sa nouvelle famille, il absorbe leurs souvenirs pour mêler sa vie et la leur et se fondre dans la chaleur de la tribu Fottorino. Il se remplit de couscous poulet, de salade méchouïa, de makrouds et de thé à la menthe, il se remplit surtout d'amour pour celui qui lui offre son coeur et une nouvelle identité.
   Comment accepter le suicide de son "plus que père" ? L'auteur se replonge dans leurs premières années communes, le ressuscite à travers ses petits gestes du quotidien, sa façon bruyante de boire son café ou sa lecture hebdomadaire du Canard enchaîné. Il rappelle à lui tous les moments heureux pour oublier que celui-ci a décidé de les quitter, en pleine maîtrise de ses moyens mais en faillite personnelle pour avoir négligé les paperasses obligatoires dans toute profession libérale. Il opère un va et vient permanent entre cet "autrefois" où Michel Fottorino était le roc sur lequel il a pu s'appuyer pour grandir et cet "aujourd'hui" où ne subsistent que des questions. Pourquoi un tel acte ? Il cherche dans l'enfance de son père aussi bien que dans sa vie d'adulte la faille, la blessure qui a pu mener son "héros" à ce geste extrême.
   L'écriture n'est pas linéaire, l'auteur avance dans son livre au gré de ses interrogations , de son besoin de parler de son père pour le faire revivre à travers les mots posés sur le papier.
"Ecrire ces mots, me ressouvenir des recettes, de la sauce marga au rouge adouci par le bouton de rose, du couscous sucré avec les graines de grenades coupées en petits morceaux, le tout exhalant un parfum de fleurs d'oranger, écrire cela me ramène quelque chose de mon père, ses mimiques joyeuses avant de passer à table, ses évocations du pain arabe encore tiède qu'il trempait, gamin, dans l'huile d'olive fraîche versée dans une assiette creuse..."
   Ce portrait, forcément subjectif, de Michel Fottorino est un magnifique témoignage d'amour,
un au-revoir que le lecteur est invité à partager, un chant incantatoire pour retenir encore un peu celui qui a décidé seul de l'heure de son départ.

 

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  Depuis quelques semaines, la blogosphère évoque beaucoup ce livre et toujours de manière positive... Paradoxalement, cela me faisait hésiter à franchir le seuil de la première page. Et si le récit n'était pas à la hauteur de mes attentes ?
   Comme pour Le coeur cousu de Carole Martinez, la réponse à ma question fut immédiate : le coup de coeur absolu ! Véronique Ovaldé fait entendre une musique singulière, loin des rengaines nombrilistes qui se voient parfois récompensées en cette rentrée littéraire. Elle nous entraîne dans un pays imaginaire, situé quelque part en Amérique du Sud , où la végétation, les odeurs, les passions sont aussi violentes qu'attirantes.
   Nous suivons les traces de Rose Bustamente, femme forte, d'abord prostituée mais sans que le village la mette à l'écart, puis pêcheuse de poissons volants. Elle va rencontrer un drôle d'individu, flambeur décati, gangster retraité, Jeronimo, et vivra avec lui dans la demeure somptueuse qu'il a fait construire et qui lentement se décatit. Ils auront une petite fille Violette, qui aura une petite fille Vera Candida.
   C'est le destin de celle-ci auquel le lecteur va attacher ses pas, de l'adolescente fille-mère, en rebellion contre les hommes à la femme prête à s'appuyer sur l'épaule d'Itxaga, un journaliste, qui lui fait découvrir que la gent masculine peut receler des êtres sensibles et prêts à un compagnonnage intelligent avec leur femme.
   Cette histoire nous emporte, nous transporte dans un ailleurs où la violence est très présente mais où la présence féminine apporte des oasis de douceur.

 

 les visages

 

   A la réception de ce roman, la quatrième de couverture m'avait immédiatement séduite : un enquêteur atypique puisqu'il s'agit d'un galériste et une intrigue construite autour d'une oeuvre qualifiée, à défaut de pouvoir la cataloguer précisément, "d'art brut". Il s'agit en fait de milliers de dessins sur des feuilles format A4 qui, une fois réunis, forment un univers cohérent mais digne de Jérome Bosch. Sur le dessin n°1 figurent cinq visages enfantins et il s'avère assez rapidement qu'il s'agit de cinq garçonnets assassinés quarante ans plus tôt selon le même mode opératoire.
Ethan Muller est rentré en possession de ces dessins par l'intermédiaire du meilleur ami et associé de son père. Ceux-ci ont été trouvés dans un appartement d'un grand complexe immobilier qui appartient à la famille Muller et que gère cet associé. Le locataire a disparu et les dessins sont donc "abandonnés". Le héros va créer l'événement autour de cette trouvaille, conférant à cet ensemble de dessins le statut d'oeuvre en les exposant dans sa galerie.
Peu à peu happé par cet univers sur papier, il va chercher à retrouver leur auteur, qui est peut-être aussi un "serial killer" et délaisser ce qui comptait pour lui : le milieu artistique où les marchands d'art  règnent en maîtres absolus.
La peinture de ce milieu n'est pas neuve pour moi car je m'intéresse depuis longtemps à ce microcosme souvent délétère. Cela a peut-être atténué mon plaisir de lecture. J'ai beaucoup plus apprécié les retours dans le passé où l'auteur remonte jusqu'à l'arrivée des Muller en Amérique. A l'époque, leur nom de famille était Mueller et leur origine modeste, de même que leur confession juive, n'avaient pas été soigneusement effacés de l'arbre généalogique. Le dernier rejeton de la "dynastie" est Ethan et il le confesse lui-même, son narcissisme peut lasser. Effectivement, j'ai éprouvé de la difficulté à m'attacher à ses pas et à son enquête tant son attitude m'exaspérait parfois.
Mon impression générale est donc moins favorable que mon enthousiasme à la lecture du résumé. Ce polar est intelligent, vif, habile mais il manque l'étincelle d'humanité qui fait la différence.
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B
<br /> Bon, bhâ, je dois être une des rares à avoir aimé sans plus le Ovaldé... ça n'a pas pris avec moi : tant pis !<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Moi, c'est le polar retenu qui m'a laissée sur ma faim...<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> huhuhuuuuuuuuu!!!!! Les Visages! mon premier livre de l'année... J'avais A-DO-RE! Et alors, va y avoir un petit "apéro dinatoire" pour fêter ça? Tu vas voir les stars???? hein hein??<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Et ben non ! La remise de Prix avait lieu un mercredi, jour où je travaille... J'ai loupé l'apéro dinatoire ! J'ai d'autant moins de regret que je n'étais même pas au boulot mais sous ma couette<br /> avec la grippe ! Les stars de ma semaine passée était Kleenex et puis Sopalin une fois la réserve de mouchoirs épuisée ! HYPER GLAM !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je compte bien en lire deux. Je suis moins tentée par le Fottorino.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Le sujet me rebutait au départ mais j'ai vraiment aimé la prose d'E.Fottorino.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Félicitations aux heureux gagnants!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Je pense qu'ils doivent être heureux d'être reconnus par des lectrices, en sus des critiques littéraires.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Et oui, direct, cash, 7 livres. La sélection me plait assez donc ça va :)<br /> <br /> <br />
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