Une oeuvre subtilement dérangeante...

Publié le par Armande

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Merci à Cathulu d'avoir fait de ce roman un livre voyageur ! Cette lecture m'a transportée tant l'écriture est belle est l'histoire intelligemment construite. Le titre, déjà, recèle, pour qui vient d'achever le roman de Gerbrand Bakker, toute l'ambiguité des personnages. Il peut se comprendre à plusieurs niveaux.

    Le personnage principal, un fermier taciturne de cinquante-cinq ans, décide, un jour, de monter à l'étage son père, devenu grabataire, et de rendre sien l'espace du bas. Il arrache moquettes et tapisserie, jette le mobilier et se crée un univers épuré, sans plus aucune trace, ou si peu, de ceux qui ont occupé les lieux. Le titre peut évoquer cette soudaine rebellion. La pièce où il confine son père et le regarde s'éteindre peu à peu serait une antichambre de ce "Là-haut" où "tout est calme" que certains pensent gagner après leur mort.

   A moins que ce "Là-haut" ne soit le Danemark, pays qu'Helmer van Wonderen rêve d'habiter... Il n'a pas choisi de s'occuper de la ferme familiale, d'être rivé depuis trente-cinq ans à ce petit endroit au Nord de la Hollande. C'était le rôle dévolu à son jumeau... Lui voulait poursuivre ses études et partir... Seulement Henk, son frère, est mort dans un accident de voiture, et le père lui a ordonné de prendre la place de celui qui n'était plus là...

   Et si tout simplement, ce titre parlait du ciel, de cette météo si importante pour les paysans, de ce "Là-haut" porteur de pluies et d'éclaircies qui rythme les heures, les jours, les années. Ce rythme est tellement calme, immuable qu' Helmer ne s'est pas rendu compte que le temps passait et qu'il était déjà vieux.

   C'est peut-être l'apparition d'une corneille mantelée qui va réveiller notre homme de son existence "mécanique" et vide de sens. Gerbrand Bakker semble faire de cet oiseau, qui s'obstine à se percher sur un arbre devant la maison, le symbole de la mort. Celui-ci paraît être présent pour recueillir le dernier souffle du patriarche mais aussi pour aiguillonner Helmer afin qu'il se décide à s'affirmer, à exprimer sa vraie nature, même si pour cela, il doit décevoir ce père, figure monolithique du paysan un peu borné.

   Ces quelques éléments ne suffisent pas à résumer cette oeuvre où ce qui n'est pas écrit, où ce qui n'est pas dit est probablement le plus important. L'essentiel est à rechercher dans les blancs de la page ou les silences...

                                                                 Du grand art !

Publié dans romans d'exception

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I
<br /> Tout ceux qui l'ont lu en font l'éloge. Je le note (renote même !!!)<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> C'est un roman qui m'a fortement marquée.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> ma LAL s'allonge... trop vite par rapport à ma vitesse de lecture !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Pas la peine, je l'ai au travail ;-) Je le laisse pour les autres comme ça !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'est un roman que j'ai très envie de lire et ton billet ne fait que confirmer cette envie !<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Tu peux demander à Cathulu de t'inscrire sur la liste de ce livre voyageur !<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> Comment résister à un tel billet? Ça a l'air trop pur, comme dirait qui tu sais... :-)<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Actuellement, la littérature n'intéresse que modérément ma grande. Trop s'utilise davantage dans des expressions comme "un trop pur fer à lisser" ou un "short trop top fashion" <br /> <br /> <br /> <br />