Une mère perturbée, une lecture perturbante...
Si le but de cette histoire était de rendre le lecteur mal à l'aise, il est très largement atteint avec moi. Le thème de la maltraitance me fait systématiquement réagir avec force et me perturbe énormément.
La narration se fait sous la forme d'une lettre que Matthew Walsh, âgé alors de dix-huit ans adresse à sa plus jeune soeur Emmy pour lui raconter dans le détail leur vie d'avant, quand ils étaient sous la coupe de Nikki, leur mère, instable, imprévisible et d'une terrible violence.
Cette lettre permet au jeune homme de règler (ou de solder) des comptes avec les adultes de leur entourage qui ont persisté à ignorer l'enfer que les enfants vivaient. Au banc des accusés, Ben, le père de Matt et de Callie, qui a fui une épouse effrayante mais capable de jouer à la perfection les anges quand elle est en société. Près de Ben se trouve Tante Bobbie, la soeur de Nikki, qui vit pourtant dans l'appartement du dessus mais préfère ignorer le drame qui se joue tout près d'elle et noyer sa culpabilité dans la nourriture. Sur ce même banc, les forces de police pour lesquelles un petit bout de femme ne peut être aussi méchante et qui juge qu'après tout, une mère reste toujours une mère et ne peut martyriser sa progéniture.
Et pourtant, l'enfer, les trois Walsh, l'ont vécu... Comment se protéger d'une mère parfois presque normale, la plupart du temps, animée d'une sorte de force mauvaise qui la conduit à boire, se droguer, ramener n'importe quel homme à la maison et jouer avec les nerfs des enfants uniquement parce que c'est "marrant" selon son expression favorite. La fratrie croit avoir trouver la solution pour "éliminer" Nikki. Les deux grands Matt et Callie font la rencontre par hasard de Murdoch, un homme qui leur semble capable de "dompter" leur mère, d'apaiser ses démons. Commence alors un lent processus plein d'embûches qui permettra à Matt et à ses soeurs de se débarrasser de leur mère et de la rendre aussi peu nuisible qu'un moustique. Elle sera toujours là mais ses piqûres auront seulement le pouvoir de démanger un peu sans trop faire souffrir.
Matt écrit cette lettre, qu'il ne remettra jamais à Emmy, pour lui faire une promesse solennelle, être toujours à ses côtés si leur mère s'avise de revenir, preuve s'il en est qu'il est impossible d'oublier une telle enfance, et que la crainte que tout recommence est toujours présente.
Ce récit de la violence au sein d'un foyer, cette violence au quotidien aussi bien psychologique que physique m'a éprouvée. Il s'agit d'une lecture que j'aurais probablement évitée si ce roman ne faisait pas partie de la sélection Elle.