Un pavé pour la plage...
Dommage que vous ne puissiez pas voir la tranche de ce roman, elle est toute dorée et donne un charme désuet à la couverture et accompagne parfaitement l'image : Léda endormie au premier plan et Zeus transformé en cygne, ailes blanches sur un fond noir assez inquiétant. Le tableau est de facture classique, la trame de cette histoire aussi mais personnellement, j'ai été conquise et n'ai pas relâché mon attention avant la dernière page.
La peinture est au centre de l'intrigue : tous les acteurs de ce roman pratiquent avec plus ou moins de talent cette activité. Tout démarre d'ailleurs à la National Gallery de Washington où Robert Oliver, un artiste assez connu, tente de lacérer une toile "Léda", d'un peintre français du XIXème siècle, Gilbert Thomas. Il est confié aux bons soins d'un psychiatre, Andrew Marlow, mais ce dernier se heurte au mutisme de son patient. Il va alors mener une véritable enquête auprès des proches du peintre pour comprendre ce qui a pu amener celui-ci à ce geste extrême. Il possède deux indices : ce tableau et une jeune femme que Robert Oliver peint inlassablement.
Peut-être parce que son patient est un artiste et qu'Andrew Marlow peint aussi, peut-être parce que sa vie partagée entre l'exercice de la médecine et la pratique en amateur de la peinture lui semble bien monotone, notre homme se lance à corps (coeur ?) perdu dans cette recherche. Il interroge l'ex-épouse de R.Oliver puis sa dernière compagne et peu à peu se dessine le portrait d'un homme rongé par une obsession. Il est amené aussi à faire un bond dans le passé quand il étudie des lettres échangées au XIXème siècle entre une femme Béatrice et l'oncle de son époux Olivier de Clerval. Robert Oliver les a en sa possession et les lit inlassablement. La clé de sa maladie est-elle à rechercher dans le Paris des Impressionnistes que nous découvrons à travers la correspondance de ces personnages, peintres tous les deux.
Elizabeth Kostova construit avec beaucoup de rigueur une histoire qui fait alterner présent et passé, points de vue multiples sans que cette architecture paraisse artificielle.
Je ne pouvais rêver lecture plus idéale avant d'aller me promener dans le jardin de Monet à Giverny début juillet...
Merci aux éditions Michel Lafon pour ces quelques soirées passées en compagnie d'Andrew Marlow.
Keisha, elle aussi, a apprécié ce roman.