Un marathon pour finir 2009 : 1337 pages en quatre jours !
Parfois dans la vie, il faut savoir dire oui aux propositions les plus folles...quitte après à se demander s'il ne serait pas bon d'être plus raisonnable. Lorsque Thomas Porhel du Livre de Poche m'a proposé de lire et de chroniquer Un monde sans fin de Ken Follett avant le 6 janvier (Il n'a pas omis de préciser qu'il s'agissait d'un pavé !), j'ai accepté après avoir réfléchi au moins... deux minutes ! En revanche, à la réception du roman, au moment où la BRIQUE est sortie de son papier bulle, j'ai eu quelques sueurs froides, peu justifiées d'ailleurs car j'ai dévoré le récit en un temps record. Dommage que cette lecture ne se soit pas faite sous contrôle d'un huissier, j'aurais pu prétendre au livre des records...
J'ai vécu quatre jours en compagnie des personnages inventés par l'auteur. Adieu 2009, la machine à remonter le temps m'a ramenée en l'an 1327 à Kingsbridge, localité anglaise sous la coupe d'un monastère et de son prieur. L'histoire débute le 1er novembre et ce jour va lier le destin de cinq enfants : Gwenda et Philémon, les rejetons d'un pauvre journalier à la moralité douteuse , Caris, la fille d'Edmond le Lainier, riche commerçant ainsi que Merthin et Ralph, les deux fils d'un chevalier impécunieux. Ils vont assister dans la forêt voisine de la ville à un combat sanglant entre un jeune homme Thomas Langley et des soldats de la reine Isabelle. L'homme triomphe de ses poursuivants et enterre une lettre au contenu mystérieux. Le décor est planté, il ne reste plus à Ken Follett qu'à déployer son talent de conteur. Nous allons suivre ces cinq personnages au fil des années et voir s'épanouir des caractères présents dès leur enfance. Leurs trajectoires différentes vont permettre au lecteur de découvrir de l'intérieur la vie au sein d'un couvent ou d'un monastère, la dureté du système féodal, les progrès dans le domaine de l'architecture ou de la médecine.
Je dois reconnaître que certains passages frôlent parfois le pensum technique (Vous en apprendrez beaucoup sur la construction d'un pont ou d'une tour...), certains épisodes ne sont pas non plus totalement vraisemblables (La folle épopée de deux religieuses à la poursuite de l'armée anglaise en France m'a arraché un sourire un tantinet ironique), et les gentils sont de temps en temps trop gentils et les méchants trop méchants ( Ah, l'héroïque Caris et l'odieux Philémon !).
Ces quelques bémols ne sauraient nuire au souffle puissant qui anime cette fresque. Elle vous maintient en haleine jusqu'au bout, ce qui, compte tenu du nombre de pages, est une sacrée gageure. En immersion complète au Moyen-Age, le lecteur vit au rythme de cette cité anglaise, heureux quand les moissons sont bonnes et le commerce de la laine prospère, malheureux quand le pont s'effondre et provoque la noyade de nombreux habitants ou quand la moria grande, la peste, s'abat sur la population et génère douleur et chaos. Le personnage qui m'a le plus marquée est Gwenda qui n'a pour elle, ni la naissance, ni la beauté, ni la fortune mais une incroyable ténacité et un caractère trempé aux épreuves les plus dures que puisse endurer une femme. Ma sympathie va davantage à cette héroïne réaliste qu'à Caris, figure "angélique" du roman.
A la fin de cette lecture, je ne me suis même pas dit : "Pari tenu ! " mais plutôt " Allez, il faut retrouver ton siècle, ma fille, et quitter cette petite ville qui était un peu devenue la tienne..."
Merci donc au Livre de Poche de m'avoir fait partager cette aventure ! Maintenant, à vous les chanceux qui ne connaissez pas encore Kingsbridge de monter dans la machine à remonter le temps...