Total mistake...
Le titre de ce petit polar régional m'a induite en erreur ! "Chercheuses de crapauds", je me voyais déjà utiliser mes connaissances universitaires, mon diplôme en "batracientologie"... J'ai quand même consacré mon mémoire de maîtrise à la grenouille des fraises qui vit en Amérique Centrale. Elle est appelée ainsi car elle est toute petite, a le corps rouge avec des points noirs : une fraise de Plougastel version gluante ! (On se tait dans l'oreillette, je raconte ce que je veux, c'est mon article !)
Las ! J'ai dû me résigner, il ne s'agit dans cette histoire que d'un symbole, point de vrais crapauds mais deux femmes à la recherche d'un compagnon qu'elle saurait faire passer du statut de batracien à celui d'homme. Un grand classique des contes de fées !
J'ai lu ce polar en une soirée, ce qui est plutôt bon signe. Léna, une des héroïnes, est une gardienne du phare de Kéréan (ben voui, la parité fonctionne même dans ce milieu très fermé) et communique par mail (vive Internet) avec un Inuit. Tous les deux ont la fibre écolo et brûlent de passion à distance. Claire dirige une clinique d'alcoologie, recueille des femmes brisées par la boisson (la parité existe malheureusement aussi dans le domaine de la dépendance alcoolique). Elle élève ses deux enfants depuis son divorce quand surgit un amour de lycée, libraire/danseur/gardien d'église (ça c'est un homme !). Léna et Claire se rencontrent par hasard et sympathisent au moment même où à Quimper et à Brest, des femmes réputées pour leur gosier en pente, meurent empoisonnées à la mort aux rats.
Valérie Le Nigen signe un roman sans prétention qui a le mérite de parler de l'alcool au féminin. J'ai beaucoup aimé la description de la clinique et ses méthodes qui sortent un peu de l'ordinaire, en particulier les soirées tisanes et contes où Eliane, une aide-soignante s'improvise raconteuse d'histoires. Elle démarre toujours sa "contée" par un proverbe breton choisi au hasard dans un recueil. Je vous livre le premier d'entre eux qui m'a laissée perplexe :
Ar merc'hed hag an istr, a rafe d'ar vein ober chistr( traduction : les femmes et les huîtres feraient faire du cidre aux pierres...)
L'âme celte est parfois insondable...
Scoop de dernière minute, les grenouilles rouges ont migré : de l'Amérique Centrale jusqu'à mon jardin du Nord Bretagne ! C'est une nouvelle preuve du réchauffement climatique !