Princesse Soso au royaume d'Educ Nat !
Un grand merci à Clara pour son cadeau qui a été un agréable compagnon d'insomnie ! L'auteur nous décrit avec beaucoup de causticité son quotidien de prof d'Anglais dans une ZEP (zone d'éducation prioritaire) rurale. Elle dispense son savoir dans un petit collègue où elle a pu constater que tous les élèves n'étaient pas des "choupis" (Entendez par là des gosses gentils et avides d'apprendre).
Au départ, il y a les chroniques qu'elle tient sur son blog et celles-ci lui ont certainement servi de base pour son récit qui se déroule sur une année scolaire, de la pré-rentrée en septembre au 2 juillet avec son bilan "compable" des bons et mauvais moments. Le langage employé (je sens que je vais passer pour une vieille mémère) est "djeun" à dessein. C'est accrocheur mais la répétition de "Putain" ou "Bordel" (fâcheuse habitude qu'elle reproche à ses élèves...) finit par lasser.L'ensemble tombe parfois dans la généralisation ou la caricature un peu trop appuyée mais disons-le tout net, malgré ces petits bémols, c'est un livre que j'ai dévoré !
Pourquoi ? Princesse Soso présente notre vénérable institution, l'Education Nationale, sous son vrai jour avec ses réformes venues d'en haut qui se veulent "révolutionnaires" dans l'apprentissage des savoirs mais ne peuvent dissimuler leur seul et unique but : réduire le nombre des personnels encadrants.
Elle raconte avec beaucoup de verve ses journées, en particulier avec la classe de Sixième B où elle est PP (prof principal). Je suis moi aussi PP d'une Sixième et je confirme : le rôle exige d'être à la fois Super Nanny et Super Flic. Elle compare ses "nains" à des Kinder surprises... On ne sait jamais si ce qu'on va trouver à l'intérieur sera un petit jouet "choupi" ou "chiant".
Princesse Soso dénonce avec force et parfois son humour inoxydable semble l'abandonner la déliquescence de la morale et l'absence de véritable éducation parentale. A 11 ou 12 ans, les enfants se comportent comme de mini-adultes. Les filles portent des tenues aguicheuses, sont en couple et le clament sur Facebook et les garçons ne sont pas en reste avec leurs visionnages de vidéos pornos et leurs cuites. Elle prend note chaque jour du manque de repère des adolescents qui dans une société permissive ne savent plus où se trouvent les limites.
La quatrième de couverture le précisait : "Le collège est une jungle. Voici un accès backstage pour découvrir l'envers du décor." Cet "envers" fait beaucoup rire le lecteur mais en tant qu'enseignante au collège, j'ai surtout ri jaune tant la description est réaliste. Je reprends le pourcentage de Keisha (Elle est prof de Mathématiques, elle doit savoir ce qu'elle dit...) : ce récit reflète à 95 % notre quotidien. Bizarre, ça donne moins envie de rigoler...