Les insomniaques de Camille de Villeneuve

Publié le par Armande

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  Passionnée de lecture, ouvrant un livre à peine le dernier terminé, mon esprit cherche toujours (et trouve) des échos, des correspondances entre les différents récits que je découvre. Les insomniaques de Camille de Villeneuve auront souffert de la comparaison permanente qui s'est opérée avec Les Vivants et les Ombres de Diane Meur, que j'ai classé dans les romans d'exception. La trame est identique : "grandeur et décadence" d'une famille mais autant Diane Meur a su m'entrainer sur les pas des personnages, ressentir avec eux le passage du temps et l'inéluctable changement, autant chez Camille de Villeneuve, je suis restée simple spectatrice d'une histoire que je n'ai jamais pu faire mienne.
   L'auteur n'a que 28 ans et sa virtuosité est indéniable : le style est parfaitement maîtrisé. D'une élève, je dirais que c'est une copie parfaite, je rajouterais peut-être scolaire. Camille de Villeneuve expose (le verbe est employé à dessein) la vie des d'Argentières sur trois générations. Cette famille d'aristocrates des bords de Loire a connu ses heures de gloire, que rappellent les nombreux tableaux ou bibelots qui ornent chaque pièce du château. Le récit démarre par le décès de Jean-André, le patriarche et par le passage de témoin à André, son fils qui s'imagine déjà étendre et moderniser leur domaine agricole. Si je vous disais que je me doutais que le fils d'André ne reprendrait pas le flambeau, ce ne serait pas jouer les madame Irma mais mettre en évidence le schéma bien classique de ce roman.
   Dans ce milieu, l'on se marie entre soi et André épouse Jeanne de Hauteville, hantée elle-aussi par le passé prestigieux de ses ancêtres. L'intérêt de ce roman, c'est la description de l'intérieur de cette aristocratie déliquescente qui ne survit que par un esprit de caste très fort et le respect de certaines traditions. L'auteur fait vivre de nombreux personnages qui gravitent autour d'André et Jeanne, certains pittoresques, d'autres beaucoup plus effacés comme le veut leur rôle dans la maisonnée : celui de domestique. Cela pourrait donner un ensemble vivant mais je n'ai pas eu ce sentiment, la réponse se trouve peut-être dans le roman lui-même :
"Les tableaux de famille étaient. Ils manifestaient la présence glorieuse de la famille, du portrait le plus officiel à la miniature la plus intime. Peu importait que le trait en  fût grossier ou dissemblant puisque les visages ne comptaient pas dans leur individualité. A leur manière répétitive, ils donnaient à voir la longue trame de la descendance qui enfilait les générations, plus ténue, plus lâche à mesure qu'elle approchait des temps plus récents parce qu'elle n'était plus tissée par les honneurs ni par les personnes qui avaient fait la gloire passée."
   A la lecture, les personnages m'ont semblé bien engoncés, comme peut-être des tableaux à peine vivants.
   Camille de Villeneuve est assurément un écrivain, l'intelligence du propos est irréfutable, il manque maintenant un grand souffle d'air pour faire s'envoler les poussières du passé et rédiger des histoires où circule la vie...

Livre lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle
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D
<br /> Effectivement je pense que Maudit Karma va te changer un peu!!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Je ne connais pas...mais j'attendrai que le grand souffle passe...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> C'est une romancière à suivre...malgré ma critique sévère.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Je ne connais pas le livre de Diane Meur dont vous parlez mais il a l'air bien.<br /> Sinon Armande, je suis passée chez France Loisir, et je t'ai pris Mauvais Karma, je le déposerais dans ton casier demain!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Génial ! Je rêvais d'une lecture "légère", tu me l'offres sur un plateau... Il faut dire que je sors des mémoires de Carla Da Ponte , procureure du tribunal pénal international qui a instruit les<br /> procès des génocidaires de l'ex-Yougoslavie et du Rwanda... J'ai besoin de souffler un peu !<br /> <br /> <br />
K
<br /> Bien, une économie de temps et d'argent est faite grâce à toi chère Armande!<br /> Mieux vaut rester sur le sublime "Les vivants et les ombres" de Diane Meur!!!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Cela me semble une sage décision !<br /> <br /> <br />
E
<br /> je l'ai dans ma PAL, n'ayant pas lu les autres, je ne devrais donc pas faire de comparaison. c'est toujours embêtant<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Moi, je ne peux m'empêcher d'en faire, la faute à mes très nombreuses lectures et à ma mémoire d'éléphant !<br /> <br /> <br />