Le dernier fou rire de l'année 2009 !
![Ernestine.jpg](https://img.over-blog.com/300x300/2/12/19/73/didi/Ernestine.jpg)
Ce fou rire, je le dois à Brigitte qui m'a prêté ce petit bijou d'humanité et d'humour. Ernestine Chasseboeuf, l'héroïne, garde intacte à 89 ans sa capacité à râler et comme elle a rendu son téléphone, faute d'en avoir l'usage, elle entreprend une carrière d'épistolière et de poétesse rurale : les lettres pour épancher sa bile, les poèmes pour laisser s'exprimer son amour pour la terre et plus spécialement pour la belle de Fontenay, tubercule fort connu des jardiniers éclairés.
Elle vit à Coutures dans une cave troglodyte et les échos du monde lui parviennent par la radio. Elle a d'ailleurs glissé un fil de cuivre par la cheminée pour mieux capter les ondes et l'a enroulé en surface autour de ses plants de tomates. Rien de tel que le cuivre pour chasser le mildiou : de l'art de faire d'une pierre deux coups ! Elle roule en minicomtesse ( appelée moins joliment voiture sans permis) et pratique l'art de la débrouille au quotidien. Ses deux pensions de reversion (Elle a épuisé deux maris !) ne lui assurent qu'une retraite dérisoire.
Ernestine pourfend dans ses courriers vengeurs les chantres de notre société de consommation par exemple les directeurs de supermarché dont elle dénonce les publicités mensongères. Elle s'attaque aussi aux animateurs d'émissions de radio : Ruquier, Sarraute, Miller et compagnie en prennent pour leur grade. Notre vieille dame trouve qu'ils brassent beaucoup d'air, parlent sans maîtriser pleinement leur sujet et surtout changent d'avis en fonction des tendances du moment.
Mais le domaine où excelle notre mamie, c'est la poésie... Elle s'y est mise sur le tard mais le résultat est d'une exceptionnelle qualité. Je ne peux résister à la tentation de vous faire partager cette strophe qui célèbre le printemps :
Tout pousse dans les prés, boutons d'or et jonquilles,
Les mauvaises herbes aussi, ah Bon Dieu les salopes !
Le temps est revenu, enfants, de jouer aux quilles,
Allez-y donc pendant que j'arrose au roundope.
Je me suis arrêtée plusieurs fois dans ma lecture, prise d'un fou rire irrépressible. Merci Brigitte pour cette éclaircie dans la "sombritude" (Tu vois, je suis parvenue à caser ce mot-valise que tu as inventé hier !) d'un mois de décembre venteux et pluvieux.
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