Lark et Termite
Ce roman présente une extraordinaire construction narrative : cinq voix se mêlent, s'entremêlent pour nous raconter la vie de Lark et Termite. Lark, l'hirondelle en anglais, est une belle jeune femme sensuelle et attachante. Elle vit chez sa tante Nonie qui l'élève depuis ses trois ans. Sa mère l'a confiée à celle-ci, de même que Termite, son petit frère, handicapé moteur et cérébral, qui doit son surnom à ses doigts qui bougent, vibrent sans arrêt. Ces trois personnages évoquent leur vie dans les années 1950, dans une petite ville de Virginie. S'ajoutent deux autres voix, celle de Bobby, le père de Termite, qui nous parle depuis la Corée où il va trouver une mort absurde. Son récit se concentre essentiellement sur ses dernières heures quand il se meurt, victime d'un tir "ami". Dans la déroute devant les Coréens du Nord, l'armée américaine tire sur ses propres troupes. En écho, Lola, la mère des deux enfants, apparaît , le temps de rejoindre le jeune homme dans une mort qui, elle l'espère, les réunira.
Cette polyphonie est admirablement maîtrisée. Chaque être est restitué avec sa sensibilité, même Termite qui voit le monde essentiellement à travers les sons et peut-être la brillance des couleurs. Le présent nous ramène au passé et le passé nous ramène au présent et ce de manière subtile.
Les personnages ont des existences difficiles mais se distinguent par un extraordinaire appétit de vivre et de profiter de chaque miette de bonheur que l'existence peut leur offrir.
D'où vient alors ce sentiment d'être passée à côté de de roman ? C'est, à mes yeux, un bel "objet" littéraire mais je ne me suis pas sentie émue, touchée par cette histoire. J'ai trouvé certaines pages extrêmement fortes mais la très (trop ?) grande virtuosité stylistique de l'auteur a opéré comme un barrage, ne me permettant pas d'adhérer pleinement au récit.