La Terre fredonne en si bémol
Gwenni Morgan, la narratrice, est un petit bout de femme particulièrement attachant. Elle a douze ans, des airs de Fifi Brin d'acier, une imagination débordante et s'attire toujours les réprimandes de sa mère qui la juge trop fantaisiste. Dans son petit village du pays de Galles, vers la fin des années 1950, cela ne se fait pas de frayer avec Alwenna, qui habite dans les logements sociaux. Cela ne se fait pas de dévorer des romans alors qu'on pourrait ravauder des chaussettes. Cela ne se fait pas de chipoter dans son assiette et d'avoir des hauts le coeur devant les bas morceaux.
Gwenni a le sentiment qu'elle ne satisfera jamais les exigences de sa mère qui lui préfère ouvertement Bethan, sa soeur aînée, poupée blonde et docile. Notre héroïne s'évade en volant. Chaque nuit, elle quitte le lit qu'elle partage avec l'encombrante Bethan pour survoler la ville et la région et écouter le chant de la Terre, un murmure en si bémol. Elle prend ainsi de la distance avec les adultes dont elle ne comprend pas toujours les agissements, ces grands qui semblent avoir des tas de secrets à cacher. Cette vision d'en haut est bien utile aussi pour son futur métier d'inspecteur de police. Elle va même pouvoir même à profit son "don" pour élucider le meurtre qui met le village en émois : Ifan Evans, le mari de l'institutrice a été assassiné !
Durant l'été de son enquête, Gwenni va basculer de l'enfance à l'adolescence, découvrir les membres de sa famille sous un autre jour, bien cruel parfois. Elle bénéficiera cependant du soutien indéfectible de son Pa, auquel elle ressemble beaucoup.
Mari Strachan nous transporte avec son roman dans la classe populaire galloise, elle en restitue les habitudes, les rites avec des détails criants de vérité. Elle entremêle avec art une description très réaliste et parfois savoureuse du quotidien des habitants de ce village à l'imagination débridée de Gwenni qui entraîne le lecteur dans les étoiles...
Merci à BOB et aux éditions du Nil pour cette lecture qui m'a enchantée