Un anti-héros bien sympathique
Je reviens à mes premières amours : les romans policiers de la collection Grands Détectives chez 10/18. Il fut un temps (quand mes minettes étaient petites) où ils constituèrent ma soupape de sécurité ! Ils me permettaient de m'évader loin d'un univers de biberons, de couches, de ouin-ouin et de piles de copies qui s'entassaient sur mon bureau.
Maintenant, mon quotidien est plus calme et j'avais quelque peu délaissé cette collection. Ma mère m'a prêté récemment ces trois livres et j'ai de nouveau contracté le virus 10/18 !
L'action se déroule à Venise (Qui ne connaît pas ma passion pour cette ville...) au XIXème siècle. La cité des Doges est sous la coupe autrichienne et le héros, le commissaire Tron, responsable du quartier Saint-Marc, s'accommode d'un chef moins préoccupé d'afficher une dignité toute austro-hongroise que de déguster à longueur de journée des pralines. La famille Tron incarne la vieille noblesse vénitienne, celle dont l'arbre généalogique remonte à plus de mille ans, ce qui n'empêche pas le commissaire et sa mère de vivre presque misérablement. Leur palais s'effrite, prend l'eau au sens propre et les émoluments de notre héros ne peuvent combler le gouffre financier que représente cette demeure. Tron ne semble pas affecter autre mesure par cette situation, il a gardé une âme d'enfant, joue encore à quarante ans passés avec des petits bateaux dans son bain et se préoccupe plus de sa revue poétique que du rang que sa mère voudrait le voir tenir.
Nous le suivons d'enquête en enquête et Nicolin Remin l'oblige sans arrêt à fréquenter les plus hautes sphères : le premier tome lui permet de rencontrer Sissi, le deuxième Maximilien, le frère de François-Joseph. Les intrigues sont toujours finement construites et les pistes nombreuses et trompeuses. Venise (et sa météo changeante ) occupe une place particulièrement importante. J'ai eu beaucoup de plaisir à déambuler de ruelle en ruelle, de quartier en quartier avec le commissaire et son adjoint le sergent Bossi, féru des techniques nouvelles et du vocabulaire technique d'une police scientifique qui en est à ses balbutiements. Notre homme est aussi amoureux d'une princesse, veuve de son état et qui tient d'une poigne de fer une des verreries les plus réputées de Murano. Inutile de préciser qui porte la culotte dans ce duo savoureux.
Personnellement, cette immersion dans une Venise décrite de manière vivante et pitorresque m'a beaucoup plue.