Cry me a river...
" because I cried a river over you !". Je reprendrai volontiers à mon compte cette chanson, surtout avec la voix de la sublissime Ella Fitzgerald pour indiquer à l'auteur, Julia Glass, que sa fin est une horreur pour lectrice sensible !
Cela faisait déjà quelques soirées que je passais du bon temps avec Louisa et Clem, deux soeurs aux caractères et aux parcours très différents. La narration me permettait de me glisser tour à tour dans les pensées de l'aînée, Louisa, et de rêver avec elle d'un grand amour et d'une percée dans le milieu de l'art, et dans les pensées de Clem, la casse-cou, spécialiste des espèces en voie de disparition (oiseaux, ours, adolescents maîtrisant l'orthographe...). Nous allions notre petit bonhomme de chemin, de l'enfance où l'on se dispute les faveurs des parents à la trentaine, âge des premiers bilans.
Ce que j'aime chez Julia Glass, c'est la profonde empathie qu'elle éprouve pour ses personnages et qu'elle communique à ses lecteurs. Elle excelle aussi dans les seconds rôles comme la mère des deux héroïnes,qui élève des chiens pour la chasse à courre et ne jure que par le patrimone génétique ou Zip, l'un des petits copains de Clem, qui a la zen attitude poussée à l'extrême. Leur romance ne durera d'ailleurs qu'un temps pour une raison simple énoncée par Clem :
" J'ai tâté du yoga, mais chaque fois que je me regardais dans la glace en bretzel vêtu de lycra, je me disais : qui suis-je censée abuser ?"
J'étais donc tranquillement installée dans l'histoire quand l'auteur, avec un art consommé, a déclenché mes glandes lacrymales qui ont refusé de se tarir avant une heure avancée de la nuit. Les derniers chapitres sont bien écrits, pas de pathos, non de l'émotion brute, des interrogations, de la douleur et une lectrice sonnée...
Un roman riche en émotions, qui m'a rappelé ma relation avec mes soeurs et celle que mes deux filles entretiennent ...