Concours d'expressions imagées...
Tous les jours, j'entends quelqu'un de mon entourage familial ou professionnel se lamenter sur le langage grossier de nos ados... Le livre de Jean-Louis Marteil a achevé de me convaincre qu'ils n'ont pas l'apanage des mots fleuris et que leurs ancêtres pourraient aisément les battre à un concours d'expressions imagées !
L'auteur use avec une évidente délectation d'un style haut en couleur et le lecteur ne peut que rire de l'imagination débridée dont il fait preuve dans le domaine de l'insulte. En effet, on s'invective beaucoup à Cahors en mai 1221. Il s'agit presque d'un loisir local avec la distribution de gnons. Bertrand de Vers dit La Salamandre, le personnage principal, a la langue bien pendue et l'exerce aux dépens de Matteo Conti, Le Lombard, son rival dans le cercle de l'usure. Les deux vieillards prêtent de l'argent, font des affaires et tentent de caser leur progéniture : un neveu simple d'esprit pour l'Italien, deux filles belles comme le jour mais au fort tempérament ainsi qu'un fils considéré au mieux comme niais pour le Cahorsin. Leur quotidien est donc bien occupé quand survient un accident qui va briser leur routine : un échafaudage appuyé contre une maison que La Salamandre fait rénover s'écroule et un ouvrier meurt. La rumeur accuse le vent... Puis l'architecte chargé du chantier meurt noyé. La rumeur accuse l'eau...
En ces temps de superstition, les esprits s'inquiètent ! Bertrand de Vers, lui, soupçonne que quelqu'un lui veut du mal et s'amuse avec lui comme un chat avec une souris, avant le coup de griffe fatal.
Dans ce roman, les personnages secondaires sont extrêmement truculents : truands, sergents se disputent la palme de la stupidité. Guillaume de Cardaillac, le comte évêque, jouerait plus dans la catégorie des flemmards matois. L'histoire est habilement construite et nous plonge au coeur du Moyen-Age, au coeur d'une cité, au coeur aussi de la noirceur des hommes.
Merci aux éditions de La Louve et à BOB pour ce roman que j'ai beaucoup apprécié !