Bons baisers de Cora Sledge
A la question : peut-on rire de tout ? Leslie Larson répond sans conteste oui. Cora Sledge, octogénaire américaine, obèse et accro aux antidépresseurs, réussit l'exploit de nous faire hurler de rire en nous narrant son quotidien dans le foyer médicalisé où ses enfants l'ont placée. L'existence l'a malmenée et quand elle arrive aux Palisades, elle est au bout du rouleau. Un cadeau offert par sa petite fille va lui sauver la vie : un cahier vierge auquel elle va confier ses souffrances et remonter peu à peu aux sources de celles-ci. Au fur et à mesure que son esprit s'allège, ses kilos s'envolent eux aussi et Cora redécouvre le plaisir simple de marcher. Avant d'en arriver à cette forme quasi-olympique, elle nous aura raconter son odyssée pour aller de sa chambre jusqu'à celle de son amoureux Vitus. Ulysse cherchant à rejoindre Ithaque, c'est de la gnognotte comparé à l'exploit perpétré ce jour-là par notre héroïne.
Tout dans ce foyer la déprime. Son studio ressemble à une auberge espagnole, le personnel médical ou d'entretien y entre sans tenir compte du fait qu'elle puisse avoir besoin d'intimité. Les repas pris en commun réveillent le bouledogue qui sommeille en elle et elle éprouve souvent l'envie irrésistible de mordre sa voisine de table à la langue pointue et au physique de haricot vert. Sa maison, sa chienne Lulu, son jardin lui manquent énormément. Elle se sent dépossédée mais garde au fond d'elle l'étincelle de vie qui va lui permettre de reconquérir son indépendance.
Ce roman, c'est le récit d'une renaissance : Cora aime à nouveau et faisant fi de l'âge et de la désapprobation de ses enfants, elle a le coeur qui bat la chamade et le corps qui se réveille... Elle se sent prête à toutes les folies pour retrouver le bonheur d'être enlacée par l'homme qu'elle a rencontré aux Palisades. Peu importe après si celui-ci est vraiment digne de cet amour, il va permettre à Cora de retrouver sa place parmi les vivants, ceux qui éprouvent encore des sentiments.
Un roman lu d'une traite, une galerie de personnages secondaires extraordinaire, un style tonique qui ne verse jamais dans le misérabilisme pour évoquer la vieillesse
A lire de toute urgence !