Atelier d'écriture du dimanche
Sujet du jour proposé par Gwen :
Une phrase de début : L’arbre est devant la maison, un géant dans la lumière d’automne.
Une phrase de fin : J’espère que mon cœur tiendra, sans craquelures.
Il ne tient plus qu’à vous d’écrire le texte entre ce début et cette fin… en respectant une contrainte de temps : trente minutes!
L'arbre est devant la maison, un géant dans la lumière d'automne. Je me sens insignifiante à côté de lui, petite bruyère perdue dans un des massifs qui bordent la terrasse. Tout est nouveau pour moi ici... Hier encore, j'étais à la jardinerie, inquiète quant à mon avenir. Avec mes semblables, je voyais défiler les adoptants et peu regardaient dans notre direction. Je tentais d'éveiller l'intérêt en présentant aux regards mes plus belles fleurs mais je suppose que notre étiquette de plantes rustiques et faciles d'entretien jouait en notre défaveur. Maintenant, les stars, ce sont les exotiques, les racées et je n'appartiendrai jamais à cette catégorie.
Et puis, l'inattendu s'est produit, une femme s'est arrêtée devant moi. Son regard s'est posé sur mes feuilles, mes fleurs, ma "personne" et m'a réchauffée. Sa main m'a effleurée, presque timide, l'air de se demander si j'étais celle qu'il lui convenait. Le courant est passé, de sa main jusqu'à mes racines. Tout a ensuite été très vite, j'ai un peu crâné sur le caddie, le passage en caisse qui signait mon bon de sortie a fait vibrer mon coeur végétal et après un court trajet en voiture, je découvrais le jardin, mon jardin.
Quelques heures de patience dans le garage de la maison et j'étais plantée. Mes racines frémissaient d'aise au contact de la terre fraîche mélangée au terreau. Je prenais mes marques, mesurais l'étendue de mon nouveau domaine.
Passé ce moment de pur plaisir, j'examinais mon entourage immédiat : une véronique, un céanothe, des fushias et un lithospermum. Quel soulagement ! Pas de pimbêche qui se pousse de la tige du fait de ses nobles origines, uniquement des vivaces qui s'accommodent du climat rude du Trégor. Nous ne sommes qu'en automne mais les températures sont déjà basses. J'appréhende ce premier hiver loin de la serre. J'espère que mon coeur tiendra, sans craquelures.