Après avoir relaté les chaudes aventures d'Armande, me voici de retour le temps d'un article consacré à un héros sévèrement buriné...
Conseillé puis prêté parLiberty Valence, nouvel arrivant dans la blogosphère littéraire, "le 47ème Samouraï" de Stephen Hunter est parvenu entre mes mains. Un volume et une quatrième de couverture qui mettent en appétit et qui promettent quelques bonnes heures de lecture, voilà qui n'était pas pour me déplaire...
L'histoire met en scène un bon héros comme seule l'Amérique en possède : vétéran du Vietnam, lui-même fils d'un vétéran de la guerre du Pacifique bardé de médailles, nul doute qu'un lointain aïeul se soit illustré à Gettysburg voire à la bataille de Yorktown. Bref, notre héros, Bob Lee Swagger, reçoit un jour la visite d'un japonais qui lui est inconnu. Nos deux hommes ont en fait une histoire commune : leurs pères se sont affrontés à Iwo Jima dans les dernières heures de la 2nde guerre mondiale. Le visiteur est à la recherche du sabre de son père dont il souhaite honorer la mémoire. La requête touche l'âme de notre "leatherneck" et Swagger se décide à l'aider. Cette démarche le mènera jusqu'au Japon où le sabre en question se révèle être convoité par une bande de yakuzas et leur maître qui se fait appeler Shogun.
Swagger n'hésitera pas à donner de sa personne et affrontera ces nostalgiques des temps anciens avec leur propre code : la voie du sabre.
Au fil des pages, nous reviennent en mémoire des images de films. Cela commence comme dans "Mémoires de nos pères " et "Lettres d'Iwo Jima" de Clint Eastwood et se termine comme dans les films choraux d'Eiichi Kudo. Entre temps, on aura reconnu les fims de Kurozawa avec l'excellent Toshiro Mifune, l'histoire des 47 ronins, incontournable épopée qui véhicule tout le code d'honneur des Japonais, des films "chambara", des films plus pointus comme ceux de Misumi ou d'Hideo Gosha et plein de bons vieux films de série B comme il en passait autrefois à la "Dernière séance" de M'sieur Eddy, en particulier "Yakuza" de Sidney Pollack avec Robert Mitchum. On a donc l'impression d'avoir dévalisé des rayons entiers de DVD de la médiathèque rien qu'en lisant ce bouquin. Et pour cause. L'auteur avoue avoir passé beaucoup de temps à visionner de tels films pour se documenter. Hélas, n'étant visiblement pas un grand connaisseur du monde qu'il nous décrit, Hunter est, à mon sens, tombé dans l'erreur de faire usage d'une utilisation à outrance de termes techniques pour masquer ses insuffisances. L'histoire est d'autre part invraisemblable et laisse dubitatif l'humble pratiquant d'arts martiaux que je suis. Le héros est capable, après une seule semaine d'entraînement, d'exécuter techniques et coupes remarquables au sabre, exécutions qui demanderaient normalement des années de pratique entièrement dédiées à la recherche du geste parfait. Personnellement, au bout de quinze ans d'aïkido, il m'arrive encore d'avoir des contractures dans le dos après quelques minutes d'exercices au sabre : trop de bras et pas assez de hanches. Lui, tient tête à des hommes dont la seule occupation est le duel au sabre et le test de coupe sur des corps humains. Il parvient même à les éliminer en en affrontant plusieurs à la fois. Y a pas à dire, ils sont forts ces ricains...
Paradoxalement, j'ai bien aimé cette histoire qui, bien que surréaliste (irréaliste ?) sait tenir le lecteur en haleine. Il m'était en effet difficile de poser le livre à la fin d'un chapitre sans être tenté d'entamer le suivant. Comme quoi, il semble qu'il ne soit pas besoin d'être un grand connaisseur d'un sujet pour être capable de conter une bonne histoire.
Merci en tout cas à Liberty Valence pour la découverte de cet auteur et du "47ème Samouraï".
Pour me remettre de tout ça, je vais relire "La pierre et le sabre" d'Eiji Yoshikawa et revisionner "Après la pluie" de Kurozawa et Koizumi. Je me permets de vous les conseiller pour occuper quelques soirées du mois noir ou du "miz du" comme on dit dans mon pays du soleil couchant.