Crime au Moulin vert de Kerry Greenwood
C'est avec la très séduisante Phryne Fisher, gravure de mode, dévoreuse de beaux mâles et accessoirement détective que j'achève mon défi : cinq polars des cinq continents. Kerry Greenwood a l'art de plaire aux lecteurs avec une intrigue pourtant des plus minimalistes, mais il faut le reconnaître, ce n'est pas le suspense policier qui retient l'attention dans ce livre. J'ai surtout suivi avec délectation les tribulations de l'héroïne dans le Melbourne des années 1920. Cette jeune femme est tout bonnement extraordinaire, pleine d'un bon sens que je ne peux que partager : "Elle s'habilla prestement, enfila des bas de soie couleur champagne, une combinaison en soie noire, un corsage jaune pâle et ensuite le tailleur qui la moulait tellement qu'elle ne le mettait jamais quand il y avait de l'action en perspective. Dans un tailleur Dior, personne ne pouvait courir". Mais oui, tout le monde le sait, Dior et la course à pied ne font pas bon ménage !
Phryne va réussir l'exploit en 278 pages d'élucider le meurtre commis au Moulin vert (un célèbre dancing), de mettre dans son lit deux splendides spécimens dignes d'Harlequin (un beau brun et un beau blond), d'étrenner moult tenues plus sophistiquées les unes que les autres, de se régaler de dîner fins sans prendre un gramme (révoltant pour les simples humaines que nous sommes !), de piloter son petit avion dans des conditions extrêmes et de faire la connaissance d'un sympathique wombat amateur de pommes de terre (le meilleur moment du livre à mon humble avis !).
L'histoire est invraisemblable au possible et pourtant j'ai trouvé cette lecture réjouissante. C'est à croire que ma cervelle réclamait une pause , un peu de fantaisie avant de revenir à des livres plus denses et à plus forte charge émotionnelle.