Nouveaux Indiens de Jocelyn Bonnerave
La quatrième de couverture précise que les activités de l'auteur, aussi bien musicales que littéraires, s'associent souvent dans la pratique de la performance. Et en effet, le lecteur a le droit, à la fin du récit, à un spectacle musical qui s'inscrit dans la lignée des performances artistiques. Je vous laisse la primeur de ce "chef-d'oeuvre" éphémère qui m'a fait lever les yeux au ciel tant le côté pseudo-déjanté de celui-ci était ridicule.
Lire ce roman a été au sens propre une performance pour moi tant l'écriture m'a agacée. Au début de l'histoire, le narrateur, A., anthropologue de son état, quitte la France pour étudier sur le campus de Mills aux Etats-Unis les méthodes originales d'un professeur de musique. Souffrant du jet-lag, ses pensées sont confuses, les mots se bousculent dans sa tête et cela se traduit par une prose décousue, qui dans un premier temps, ne m'a pas déplu . Puis le procédé devient systématique. Dès que le héros souffre de migraines, et Dieu sait qu'il est migraineux, le même phénomène se produit avec pour conséquences des passages entiers de "délire littéraire", façon écriture automatique.
Je ne suis pas musicienne (ça me gêne, ça me gêne) et les observations des pratiques du professeur ne m'ont pas "parlé". Mais là, l'auteur n'y est pour rien. J'ai passé rapidement les chapitres sur ce sujet mais le reste du roman, qui se donne des allures de thriller, ne m'a pas plus convaincue. Exploiter le filon du cannibalisme m'a semblé facile et volontairement vendeur auprès d'un lectorat adepte d'Hannibal Lecter.
Par nature consciencieuse, j'ai achevé cette lecture qui recèle quelques pépites. J'ai beaucoup aimé le portrait du colocataire de narrateur, bouddhiste accro à la sauce bolognaise ou la manière dont Jocelyn Bonnerave décrit les sans-domicile qui se trouvent dans le parc du campus. C'est dommage que ces passages qui montrent un vrai talent aient été noyés dans une intrigue prétentieuse à vouloir être trop originale. Ils sont d'ailleurs écrits très simplement avec une authentique poésie, en particulier les lignes consacrées aux sans-abris, bien loin des chapitres où les pensées fumeuses de A. ont failli avoir raison de ma résolution de lire cette histoire jusqu'au bout.
Je dois cette lecture à Suzanne de "Chezlesfilles" et aux éditions du Seuil.
Cathulu a beaucoup aimé... Saxaoul pas du tout !