La glace et le sang
Cette lecture a été pour moi très éprouvante. D'ordinaire, j'évite avec soin toute fiction qui met en scène un tueur en série. Tom Rob Smith a indéniablement du talent, le tableau qu'il brosse du système soviétique dans les années 50 est implacable et glaçant. La couverture reflète avec fidélité l'ambiance créée par l'auteur : grisaille (celle de cette architecture stalinienne qui bâtit des immeubles destinés à loger des milliers de "travailleurs"), neige (celle où s'impriment les traces de l'assassin), rouge sang du titre (celui que fait couler le MGB, la police d'état chargée du contrespionnage).
Léo, le personnage principal est un officier apprécié de cette police crainte de la population. Il exécute sans état d'âme les tâches les plus abjectes, persuadé qu'elles sont nécessaires pour l'édification de l'Etat voulu par Lénine, où toute criminalité aura disparu puisque les hommes vivront heureux dans l'égalitarisme le plus parfait. Cet homme fait corps avec l'idéologie et traque les personnes qui mettent en doute le bien-fondé de celle-ci.
Cette "machine à tuer" va se gripper et le système qui l'a façonné va se retourner contre lui.
Le lecteur assiste à sa disgrâce et le voit prendre ses distances avec l'idéologie dominante, acquérir sens critique et humanité, tout en fuyant ses anciens collaborateurs qui veulent l'éliminer et en traquant le meurtrier d'enfants qui sème la terreur le long des voies ferrées.
Pour qui aime les thrillers, je pense que ce roman "Enfant 44" est une réussite. L'histoire est construite avec intelligence avec une premier chapitre impressionnant , élément fondateur de la future enquête de Léo. La mécanique du récit est parfaitement huilée et distille habilement sa dose de rebondissements et de terreur.
Je suis pourtant restée très en retrait par rapport à cette fiction, rebutée par l'atmosphère noire qui règne en permanence. Nul doute que la période stalinienne puisse faire l'objet d'un procès à charges mais le trait est ici tellement appuyé que le lecteur a l'impression d'être arrivé en Enfer, non pas un Enfer de chaleur et de flammes mais de glace et de sang...
Livre chroniqué dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle
Léo, le personnage principal est un officier apprécié de cette police crainte de la population. Il exécute sans état d'âme les tâches les plus abjectes, persuadé qu'elles sont nécessaires pour l'édification de l'Etat voulu par Lénine, où toute criminalité aura disparu puisque les hommes vivront heureux dans l'égalitarisme le plus parfait. Cet homme fait corps avec l'idéologie et traque les personnes qui mettent en doute le bien-fondé de celle-ci.
Cette "machine à tuer" va se gripper et le système qui l'a façonné va se retourner contre lui.
Le lecteur assiste à sa disgrâce et le voit prendre ses distances avec l'idéologie dominante, acquérir sens critique et humanité, tout en fuyant ses anciens collaborateurs qui veulent l'éliminer et en traquant le meurtrier d'enfants qui sème la terreur le long des voies ferrées.
Pour qui aime les thrillers, je pense que ce roman "Enfant 44" est une réussite. L'histoire est construite avec intelligence avec une premier chapitre impressionnant , élément fondateur de la future enquête de Léo. La mécanique du récit est parfaitement huilée et distille habilement sa dose de rebondissements et de terreur.
Je suis pourtant restée très en retrait par rapport à cette fiction, rebutée par l'atmosphère noire qui règne en permanence. Nul doute que la période stalinienne puisse faire l'objet d'un procès à charges mais le trait est ici tellement appuyé que le lecteur a l'impression d'être arrivé en Enfer, non pas un Enfer de chaleur et de flammes mais de glace et de sang...
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