La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt
J'attendais avec impatience de lire ce roman, sûre et certaine qu'il allait me plaire... Et non, tout au long de ma lecture, j'ai tenté de me persuader que la magie opérait mais en vain. Les deux personnages sont attachants : Jeanne, la grand-mère, issue du monde paysan , qui a caché aux siens son amour des livres comme on cache un secret honteux et Jade, sa petite-fille, journaliste un peu désabusée, qui s'interroge sur sa capacité à devenir écrivain. Elles se retrouvent réunies à Paris dans l'appartement de la jeune femme après un "kidnapping" visant à éviter la maison de retraite à Jeanne. Elles vont apprendre à mieux se connaître et leur cohabitation est racontée à deux voix avec le procédé classique : un chapitre pour la jeunette, un chapitre pour la mamie.
A aucun moment, je n'ai réellement cru aux personnages, je ne suis pas parvenue à me les représenter. Leur langage, par exemple, est très proche. Rien ne les distingue d'un point de vue linguistique alors que cinquante ans les séparent et que la grand-mère débarque de sa Haute-Savoie natale. Autant je peux comprendre qu'une femme issue d'un milieu modeste puisse aimer passionnément la littérature et le taire car certains y trouveraient à redire "Lire, c'est bon pour les paresseux !", autant je juge peu crédible sa façon de s'exprimer et le fait que soient gommées toutes traces d'un parler local ou d'expressions toutes faites. La pirouette finale m'a de ce fait peu surprise et peut-être même réconciliée avec la prose poétique de l'auteur.
Le personnage de Jade et ses doutes m'a semblé bien caricatural . A l'entendre, le monde de la presse est "pourri" et la vraie vie est ailleurs, dans l'écriture de romans, tâche plus noble et plus exaltante.
Je sens que ce billet tourne à la charge un peu lourde, certaines réflexions sur la littérature m'ont plu, certaines pages ont une vraie grâce mais cela ne suffit pas pour faire de ce livre un de mes préférés de l'été. Je vous quitte sur cette jolie phrase :
" J'ai tout vécu, j'ai mille ans et je le dois aux livres."