La chanson du jardinier de Kalpana Swaminathan
J'avais adoré "saveurs assassines" du même auteur, paru il y a quelques années . J'étais donc impatiente de retrouver Miss Lalli, fringante retraitée de la police et sa nièce, narratrice de l'histoire, une sorte de "Docteur Watson " qui assiste fascinée aux enquêtes menées avec brio par son honorable aînée !
L'action se déroule dans un petit immeuble nommé Utkrusha, sorte de tour de Babel où se mêlent des locataires d'origines ethnique, religieuse et sociale très différentes. Tout ce petit monde cohabiterait sans problème s'il n'y avait un ver dans le fruit (On va dire une pomme puisque je suis dans les comparaisons bibliques) et ce ver s'appelle Mr Rao, un odieux colpolteur de rumeurs qui se repaît du mal qu'il commet. La scène d'ouverture est classique : le "méchant" est retrouvé mort dans l'ascenseur et les suspects ne manquent pas puisqu'il est parvenu à se faire haïr du Building dans son entier.
Ce qui fait le charme de ce roman, ce n'est pas la trame narrative assez classique mais le dépaysement pour le lecteur, transporté dans un Bombay décrit avec réalisme. les personnages sont bien campés en particulier les deux jeunes Hollandaises venues en Inde pour distribuer des vêtements et des jouets collectés dans leur pays. Elles arrivent à Bombay pleines de certitudes: les autochtones sont forcément miséreux, crasseux et se doivent d'être reconnaissants de l'attention que leur portent les deux donzelles. L'auteur en brosse un portrait caustique et égratigne au passage les préjugés des Européens sur l'Inde.
Un petit polar bien sympathique qui a reposé mes neurones parfois malmenés par les romans du Prix des lecteurs du Télégramme...