Dans la ville des veuves intrépides de James Canon

Publié le par Armande



Je viens d'achever la lecture de ce roman qui appartient à la sélection du Prix des Lecteurs du Télégramme. J'avais décidé que je ne chroniquerais pas ces livres, de façon à ne pas dévoiler d'avance mes préférences mais je déroge à ma propre règle pour parler de James Canon, un tout jeune auteur qui mérite le détour.
J'ignore si au final, ce livre sera mon préféré... Pour l'instant du moins, c'est celui qui m'a le plus intéressée.
A Mariquita, petit village de Colombie, le 15 novembre 1992, fut une date marquante car c'est ce jour que les hommes disparurent, enrôlés de force par les guérilleros.S'en suit une année de chagrin et de désolation qui voit le bourg sombrer dans l'anarchie et la misère. Les femmes ne parviennent pas à rétablir l'ordre car celui-ci a toujours été incarné et assumé par les hommes.
29 octobre 1993,un convoi militaire traverse un peu par hasard le village et face au désarroi de la foule, le militaire le plus âgé décrète qu'une tête pensante est nécessaire pour ramener un semblant d'organisation. Ce sera Rosalba viuda de Patino, dont la seule expérience pour assumer un poste de direction est d'avoir été la femme du brigadier. Mariquita a donc maintenant un nouveau maire.
J'ai suivi avec un intérêt grandissant l'évolution de cette société exclusivement féminine qui en viendra à constituer un calendrier basé sur le cycle menstruel et à pratiquer un communautarisme assez étonnant.L'auteur, tout homme qu'il est, montre avec beaucoup de justesse il me semble, ce que pourrait être un monde au féminin (Rien de très attirant, rassurez-vous messieurs...)
Je ne suis pas certaine qu'une telle utopie aurait été aussi "crédible" en France. Ce village isolé apparaît comme un havre de paix dans une Colombie où guérilleros, paramilitaires et militaires se montrent aussi violents les uns que les autres. Le roman est construit sur une alternance de chapitres. L'auteur juxtapose des descriptions du village à des époques différentes et des scènes où apparaissent des hommes, tantôt victimes, tantôt bourreaux mais toujours en situation de conflit.Cette société sans homme apparaît donc comme un moyen d'éradiquer la violence la plus extrême des rapports humains.
Cette réflexion qui porte sur les fondements et l'organisation d'une société n'est jamais rébarbative car elle n'est que suggérée. Au premier plan, nous avons le quotidien d'un village et des habitantes que le lecteur suit souvent avec le sourire, parfois avec épouvante quand un événement tragique survient dans ce petit microcosme auquel on finit par s'attacher.
Je le classe dans les romans d'exception pour les multiples questions qu'il a fait naître dans mon esprit. James Canon me semble "un agitateur de neurones" prometteur...

Publié dans romans d'exception

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H
C'est une libraire qui m'a parlé de ce livre, je l'avais déjà noté, là je l'ai surligné !!!
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C
Je l'avais lu à sa sortie et j'avais adoré! Beaucoup d'humour et comme tu dis, ça fait réfléchir!
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A
<br /> Faire rire et réfléchir sur la condition féminine ! Cet homme a tout pour plaire...<br /> <br /> <br />
K
Oui j'ai lu avec avidité l'article!!! Un vrai écrivain engagé!!
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L
Oh, voici un livre construit sur une idée originale ! :-o
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A
<br /> Il faut que tu le lises...<br /> <br /> <br />
K
Une histoire tellement truculente que je n'ai toujours pas réussie à chroniquer :-o Pourtant, quel beau voyage grâce à ce roman!!!!
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A
<br /> Aujourd'hui, j'ai acheté Le Télégramme pour pouvoir lire l'interview de l'auteur. C'est un homme qui en plus de son talent d'écriture (et d'un physique avantageux!),défend la cause des femmes en<br /> Colombie...<br /> <br /> <br />