Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates
Après des mois d'attente fébrile, j'ai enfin pu acheter en "vente libre" ce roman dont les blogs disaient le plus grand bien ! Il n'était plus "estampillé" France Loisirs et je l'ai trouvé tout simplement chez mon libraire habituel.
Evidemment, comme souvent quand l'attente a été longue, j'avais placé beaucoup d'espoir dans cette lecture, allant même jusqu'à l'inscrire dans ma liste pour le "Blog'o'trésors".
Ce n'est pas un grand mais un joli roman. L'action se déroule après la Seconde Guerre Mondiale, en 1946, la guerre est encore présente dans tous les esprits. L'héroïne, Miss Juliet Ashton, qui a déridé les Londoniens pendant le conflit, grâce à une chronique humoristique dans un journal, se lance dans une tournée promotionnelle de l'ouvrage réalisé en réunissant ses articles. La forme choisie par Mary Ann Shaffer et Annie Barrows est celle du roman épistolaire et le lecteur découvre Juliet grâce à la correspondance qu'elle entretient avec son éditeur, son attachée de presse ou sa meilleure amie.
Son existence va être bouleversée par une lettre en provenance de Guernesey, que lui écrit Dawsey Adams, éleveur de cochons , qui a en sa possession un ancien livre de Juliet, arrivé là-bas par on ne sait quel mystère. Cet homme lui demande si elle peut lui indiquer comment se procurer l'oeuvre complète de l'auteur du livre, Charles Lamb. De là va démarrer un échange assidu de courrier et l'héroïne va découvrir l'existence de ce mystérieux cercle littéraire dont l'élément fondateur est un cochon rôti !
J'ai adoré les personnages qui forment ce cercle, leur rapport à la lecture est des plus intéressants. Presque aucun n'a au départ de réel goût pour le littérature ni même de culture dans ce domaine. Ils n'ont pas ce respect quasi-automatique pour les auteurs connus et n'hésitent pas à les malmener. Ils se prennent aussi parfois d'une passion sincère pour un écrivain et en viennent à trouver joie, réconfort, conseil auprès de celui-ci. C'est extrêmement rafraîchissant !
Un autre aspect qui m'a séduite, c'est qu'à travers les lettres échangées, le lecteur prend conscience de l'enfer vécu par les îliens pendant la guerre. L'occupation des îles anglo-normandes est souvent méconnue et elle a pourtant un intérêt historique indéniable.
Pour terminer, la lecture de ce roman s'avère indispensable pour faire la connaissance d'Isola Pribby, une autochtone merveilleuse d'excentricité et de drôlerie.