Tsubaki (le poids des secrets/1) de Aki Shimazaki
D'emblée, la couverture m'a mise mal à l'aise. Ce camélia paraît vénéneux, mais il est vrai que je suis de parti pris, cette fleur me déplaît : feuillage trop dur et couleurs trop franches.
Pourtant la description qui en est faite au début de l'histoire est belle.
"C'était ma mère qui aimait les camélias. Le rouge des camélias est aussi vif que le vert des feuilles. Les fleurs tombent à la fin de la saison, une à une, sans perdre leur forme : corolle, étamines et pistil restent toujours ensemble. Ma mère ramassait les fleurs par terre, encore fraîches, et les jetait dans le bassin. Les fleurs rouges au coeur jaune flottaient sur l'eau pendant quelques jours."
La couverture évoque aussi, je crois, la sensualité, le désir et c'est aussi un thème important de ce récit. Au décès de sa mère, Namiko reçoit chez le notaire une lettre que la défunte a laissée pour elle . La narratrice va découvrir alors des secrets de famille qui vont la bouleverser. La question que le lecteur se pose, de même sans doute de Namiko, est de savoir s'il est nécessaire, voire sain de découvrir des parents sous un autre jour que celui qu'ils jouent auprès de leurs enfants.
Yukiko Horibe raconte à sa fille, dans ce qu'il faut bien appeler une confession, la double vie de son père qui avait une famille officielle dont elle était l'unique héritière et une famille cachée avec une maîtresse dont il avait eu un fils. La situation en soi n'a rien d'originale dans un Japon où l'on se marie selon sa catégorie sociale et non selon son coeur. Ce qui apparaît comme monstrueux à Yukiko, c'est que son père va s'arranger pour retrouver sa maîtresse, qui avait refait sa vie auprès d'un homme bon et parvenir à faire envoyer celui-ci en mission en Mandchourie. Yukiko assiste par hasard aux ébats de son père et de celle qui est devenue Madame Takahashi. Elle ne voit plus son père comme un être fiable et responsable mais comme un homme prêt à tout pour assouvir son désir pour son ancienne maîtresse, quitte à exercer sur elle le pire des chantages.
Nous sommes à quelques jours de l'explosion de la deuxième bombe atomique sur Nagasaki mais quand elle parle de ce fait historique à son petit fils au début du roman, Yukiko a ses mots qui ne prendront tout leur sens que dans la suite du récit .
"Il y a des cruautés qu'on oublie jamais. Pour moi, ce n'est ni la guerre ni la bombe atomique".
En effet, de sa liaison adultérine, son père avait eu un fils, Yukio, dont Yukiko, sans connaître encore le secret de son père, était tombée profondément amoureuse...
Merci à Mimienco pour cette découverte.