Le temps de la sorcière de Arni Thorarinsson
Vous l'aurez deviné : l'auteur est Islandais ! La couverture le présente comme "un brillant émule d'Indridason" et il est vrai que la qualité des personnages et la descrpition de la société peuvent y faire penser. Arni Thorarinsson a cependant son style propre où l'humour, même s'il cache parfois de nombreux malaises est beaucoup plus présent que chez son célèbre compatriote.
Avant de vous dire quelques mots de l'intrigue, je tiens à frimer un peu en précisant que l'auteur lui-même m'a dédicacé son roman au Festival du Noir à Lamballe. D'accord, la dédicace est en Islandais, langue que je ne pratique pas ( à votre plus grand étonnement, j'en suis certaine...) et il y a une faute d'orthographe dans mon prénom mais... ce serait mesquin de me le faire remarquer !
Le personnage principal, Einar , journaliste au "Journal du soir", est exilé dans une ville du Nord ,Akureyi, en raison de son penchant pour l'alcool et de sa fâcheuse tendance à dénicher des scoops concernant des VIP qui n'apprécient guère cette publicité. Au début, il se morfond et s'acquitte sans plaisir de reportages sur les représentations théâtrales de lycéens ou de "La question du Jour". Pour égayer sa solitude, il a heureusement Snaela, une petite perruche, confiée à ses bons soins par les propriétaires de l'appartement mis à sa disposition par le journal. Cela vaut au lecteur quelques scènes mémorables où Einar et son volatile nous font de sympathiques numéros de duettistes !
Notre journaliste, de mauvais poil, parce qu'il est en sevrage alcoolique, ne va pas pouvoir s'empêcher de dénicher une , voire deux affaires criminelles qui lui feront découvrir à quel point notre société actuelle est rongée par l'individualisme et la recherche du plaisir ou du profit immédiat.
A un stade de l'enquête, qu'il mène en parallèle à celle du commissaire de la ville, il interroge un médecin qui définit ainsi notre univers.
"J'ai lu un article dans une revue médicale britannique, traitant d'un trouble de la personnalité qui définirait parfaitement notre société. Ce trouble , appelé Narcissistic personality disorder (...) tire évidemment son nom du mythe grec de cet homme tombé amoureux de sa propre image. Il se manifeste par une adoration immodérée de soi-même qui débouche sur une absence totale de sens moral et de conscience."
Pour ne pas terminer sur une note aussi pessimiste, sachez que l'auteur a créé des personnages secondaires bigrement attachants et pour les amis des chiens, vous ne pourrez qu'aimer Snulli, une petite créature kidnappée au début de l'histoire. (Je rassure les âmes sensibles, il est très vite retrouvé, sain et sauf !)
Dans la foulée, je vous conseille de lire "Le dresseur d'insectes" où il n'est absolument pas question d'insectes mais où on retrouve la même galerie de personnages, toujours aussi drôles et émouvants.
Du bon polar !