Au rebond de Jean-Philippe Blondel
Isabelle, de la librairie Gwalarn à Lannion, a eu la gentillesse de me prêter son dernier coup de coeur en littérature jeunesse. Je partage son enthousiasme pour ce roman qui parle de l'adolescence avec beaucoup de justesse.
Alex et Christian sont en seconde et partagent la même passion pour le basket. Autrement, en apparence, tout les sépare : Alex est élevé par sa mère Myriam, aide-soignante, et vit en HLM, Christian a ses deux parents, un père dont la situation professionnelle est florissante, une mère au foyer et des vacances au bout du monde sur temps scolaire. La situation peut sembler caricaturale mais l'est-elle vraiment dans notre société qui tend à être à deux, voire trois vitesses...
Un jour, Christian disparaît et Alex, aidé de sa mère, va découvrir le pot aux roses. La famille n'a pas déménagé, comme pourrait le laisser penser les volets clos de la maison mais le père a quitté le domicile avec son assistante de direction et Christian doit gérer sa mère qui a sombré dans un état dépressif inquiétant. La suite de l'histoire, je vous laisse la découvrir en ouvrant le livre de Jean-Philippe Blondel, les épisodes s'enchaînent, pas toujours très vraisemblables mais je crois que ce n'est pas le souci principal de l'auteur. Son idée, c'est plutôt de nous montrer que les liens du sang ne sont pas tout et qu'à défaut d'une famille, on peut se constituer une "équipe" d'amis qui saura vous épauler dans l'existence.
J'ai apprécié dans ce roman l'analyse de l'adolescence, ce moment où l'on commence à porter un regard critique sur ses parents et où ceux-ci n'arrivent plus à communiquer avec leur grand échalas qu'ils voient encore ouvrir ses cadeaux de Noël au pied du sapin ou rentrer de l'école primaire main dans la main avec eux et raconter ses petites histoires de la cour de récré.
Alex, au début du roman, a conscience de ne plus être en phase avec Myriam.
"C'est ça, je déçois. Régulièrement. Je déçois ma mère parce que je ne travaille pas assez bien, parce que je ne suis pas assez serviable, parce que je ne sais pas faire plaisir, parce que je n'ai pas débarrassé la table du petit-déjeuner, parce que je me retire quand elle veut me faire un câlin"
De son côté, l'adolescent est aussi déçu par sa mère et l'existence que mène celle-ci.
"Ma mère, l'hôpital, c'est sa deuxième maison. Sa bouée de sauvetage. Elle est aide-soignante. Elle torche le cul des vieux. Elle change les sondes. Elle assiste à l'agonie des gamins atteints du cancer. Comme elle est déjà déprimée par nature, ça n'arrange rien - mais en même temps, c'est ce qui la maintient en vie. Le malheur des autres - et la paie en fin de mois. Ca, plus les émissions sur les riches et célèbres ou sur les impôts qu'on paie, sur les chaînes privées. Et moi. La vie de ma mère. Cool."
Il leur faudra l'entreprise de sauvetage de la famille de Christian pour retrouver un terrain d'entente et une complicité, sans doute cette aventure les aura-t-elle fait grandir tous les deux et surtout sortir de cette relation exclusive mère/fils qui ne peut que tourner à l'affrontement à l'adolescence. C'est l'âge où il faut savoir laisser de la distance entre soi et son enfant, ce qui peut être vécu comme une déchirure.
Jean-Philippe Blondel utilise beaucoup de métaphores liées au basket pour définir les personnalités, les attentes, les sentiments des personnages. Celle-vit me paraît bien illustrer ce que devrait être la vie en société, même au sein des familles qui sont de micro-sociétés.
" Je cours. J'occupe tout l'espace du terrain. L'espace. Oui, c'est ce que je viens chercher ici. Un terrain pour moi. Un terrain que je partage avec d'autres mais sur lequel nous évoluons les uns à côté des autres, en train de coopérer pour atteindre le même but. Ce que j'aime dans le basket, aussi, c'est qu'on n'a pas le droit de toucher l'adversaire - sinon, il y a faute. Ce qui fait qu'on étouffe jamais."
Alex et Christian sont en seconde et partagent la même passion pour le basket. Autrement, en apparence, tout les sépare : Alex est élevé par sa mère Myriam, aide-soignante, et vit en HLM, Christian a ses deux parents, un père dont la situation professionnelle est florissante, une mère au foyer et des vacances au bout du monde sur temps scolaire. La situation peut sembler caricaturale mais l'est-elle vraiment dans notre société qui tend à être à deux, voire trois vitesses...
Un jour, Christian disparaît et Alex, aidé de sa mère, va découvrir le pot aux roses. La famille n'a pas déménagé, comme pourrait le laisser penser les volets clos de la maison mais le père a quitté le domicile avec son assistante de direction et Christian doit gérer sa mère qui a sombré dans un état dépressif inquiétant. La suite de l'histoire, je vous laisse la découvrir en ouvrant le livre de Jean-Philippe Blondel, les épisodes s'enchaînent, pas toujours très vraisemblables mais je crois que ce n'est pas le souci principal de l'auteur. Son idée, c'est plutôt de nous montrer que les liens du sang ne sont pas tout et qu'à défaut d'une famille, on peut se constituer une "équipe" d'amis qui saura vous épauler dans l'existence.
J'ai apprécié dans ce roman l'analyse de l'adolescence, ce moment où l'on commence à porter un regard critique sur ses parents et où ceux-ci n'arrivent plus à communiquer avec leur grand échalas qu'ils voient encore ouvrir ses cadeaux de Noël au pied du sapin ou rentrer de l'école primaire main dans la main avec eux et raconter ses petites histoires de la cour de récré.
Alex, au début du roman, a conscience de ne plus être en phase avec Myriam.
"C'est ça, je déçois. Régulièrement. Je déçois ma mère parce que je ne travaille pas assez bien, parce que je ne suis pas assez serviable, parce que je ne sais pas faire plaisir, parce que je n'ai pas débarrassé la table du petit-déjeuner, parce que je me retire quand elle veut me faire un câlin"
De son côté, l'adolescent est aussi déçu par sa mère et l'existence que mène celle-ci.
"Ma mère, l'hôpital, c'est sa deuxième maison. Sa bouée de sauvetage. Elle est aide-soignante. Elle torche le cul des vieux. Elle change les sondes. Elle assiste à l'agonie des gamins atteints du cancer. Comme elle est déjà déprimée par nature, ça n'arrange rien - mais en même temps, c'est ce qui la maintient en vie. Le malheur des autres - et la paie en fin de mois. Ca, plus les émissions sur les riches et célèbres ou sur les impôts qu'on paie, sur les chaînes privées. Et moi. La vie de ma mère. Cool."
Il leur faudra l'entreprise de sauvetage de la famille de Christian pour retrouver un terrain d'entente et une complicité, sans doute cette aventure les aura-t-elle fait grandir tous les deux et surtout sortir de cette relation exclusive mère/fils qui ne peut que tourner à l'affrontement à l'adolescence. C'est l'âge où il faut savoir laisser de la distance entre soi et son enfant, ce qui peut être vécu comme une déchirure.
Jean-Philippe Blondel utilise beaucoup de métaphores liées au basket pour définir les personnalités, les attentes, les sentiments des personnages. Celle-vit me paraît bien illustrer ce que devrait être la vie en société, même au sein des familles qui sont de micro-sociétés.
" Je cours. J'occupe tout l'espace du terrain. L'espace. Oui, c'est ce que je viens chercher ici. Un terrain pour moi. Un terrain que je partage avec d'autres mais sur lequel nous évoluons les uns à côté des autres, en train de coopérer pour atteindre le même but. Ce que j'aime dans le basket, aussi, c'est qu'on n'a pas le droit de toucher l'adversaire - sinon, il y a faute. Ce qui fait qu'on étouffe jamais."