Les inséparables de Marie Nimier
Rares sont les personnes qui m'offrent des livres. Elles craignent toujours de tomber sur un roman que j'aurais déjà lu, ce qui arrive effectivement souvent ! Pour celui-ci, le risque était moindre puisque mes collègues se sont adressés pour le choix à Philippe, un ami libraire et mon principal fournisseur en "fiction".
J'ai ouvert sans a-priori ce roman, je ne connais l'auteur que de nom et n'avais lu aucune critique sur son livre.
Je l'ai dévoré d'une traite un dimanche après-midi, prise par l'histoire de ces deux petites filles liée d'une amitié qui va perdurer avec des hauts et des bas jusqu'à la dernière rencontre évoquée par l'auteur alors qu'elles sont adultes. J'ai mené quelques recherches sur Internet et tous les articles sur ce livre le présentent comme le plus autobiographique de l'auteur, cela apparaît surtout à la fin et rend le récit d'autant plus émouvant.
Enfants, nos deux inséparables vivent une relation que tous ceux qui ont des ami(e)s intimes connaissent.
"Ce qui nous séparait nous liait tout autant que ce qui nous réunissait. Nous nous comblions, est-ce qu'on peut dire cela ? Se combler, comme deux pièces de puzzle qui s'imbriqueraient parfaitement, mais qui ne viendraient pas de la même boîte. Léa pouvait parler longtemps sans que jamais je ne me lasse de l'écouter. Je pouvais rester silencieuse sans qu'elle me demande si je faisais la tête. "
L'auteur nous raconte leur enfance un peu particulière de demoiselles sans père. Heureusement Léa a un beau-père américain, pas toujours à la hauteur de leur attente mais au moins présent dans leur paysage affectif. C'est lui qui leur présente l'Amérique comme un pays de Cocagne. Il faut préciser que nous sommes dans les années soixante et que les USA font bien plus rêver qu'aujourd'hui.
"Un soir, John Palmer rapporta de l'American Legion une machine à pop-corn assortie d'un stock impressionnant de grains de maïs conditionnés dans des filets. Ce fut notre toquade de la saison-toutes les deux, assises bien au centre du cinéma, notre manteau calé sous les fesses, grignotant nos pop-corn salés comme de petites Américaines : nous étions les reines du monde"
Un tournant va s'opérer dans leur relation une nuit où elles dorment ensemble, l'année de leur treize ans. Léa se réveille vers quatre heures du matin.
"Je lui demande pourquoi elle me réveille, en pleine nuit, sa réponse est confuse, elle dit qu'un bruit s'est installé dans sa tête, un bruit qui n'est pas un bruit et qui ne s'arrête pas, et une phrase qui se répète sans fin, une phrase qui l'obsède : il n'y a pas de raison, pas de raison..."
Cette nuit semble être le moment où les chemins des deux filles vont se séparer : Léa, en quête de sens, du pourquoi de l'existence , suivra un sentier tortueux de séjours en maison de correction, en hôpital psychiatrique, voire même en prison pour trafic de drogue alors que la narratrice suivra une route bien banalisée : études supérieures et début dans l'écriture.
D'ailleurs cette dernière s'interroge : pourquoi des parcours aussi différents ? Elle tente une esquisse de réponse.
"Pourquoi ne l'avais-je pas suivie sur le chemin de la drogue, qu'est-ce qui m'avait retenue ? Léa avait tout pris sur elle, pour nous deux. Tout pris à l'intérieur de son corps"
Ces quelques extraits ne rendent pas entièrement justice à ce roman qui reconstitue aussi avec talent le Paris des années soixante et les mille jeux de l'enfance des inséparables, autant de moments de pur bonheur, nullement entachés des soucis de l'âge adulte. Marie Nimier semble avoir éprouvé beaucoup de plaisir à se replonger dans cette période, me confortant dans ce que je pense depuis longtemps: on se languit souvent de son enfance.
J'ai ouvert sans a-priori ce roman, je ne connais l'auteur que de nom et n'avais lu aucune critique sur son livre.
Je l'ai dévoré d'une traite un dimanche après-midi, prise par l'histoire de ces deux petites filles liée d'une amitié qui va perdurer avec des hauts et des bas jusqu'à la dernière rencontre évoquée par l'auteur alors qu'elles sont adultes. J'ai mené quelques recherches sur Internet et tous les articles sur ce livre le présentent comme le plus autobiographique de l'auteur, cela apparaît surtout à la fin et rend le récit d'autant plus émouvant.
Enfants, nos deux inséparables vivent une relation que tous ceux qui ont des ami(e)s intimes connaissent.
"Ce qui nous séparait nous liait tout autant que ce qui nous réunissait. Nous nous comblions, est-ce qu'on peut dire cela ? Se combler, comme deux pièces de puzzle qui s'imbriqueraient parfaitement, mais qui ne viendraient pas de la même boîte. Léa pouvait parler longtemps sans que jamais je ne me lasse de l'écouter. Je pouvais rester silencieuse sans qu'elle me demande si je faisais la tête. "
L'auteur nous raconte leur enfance un peu particulière de demoiselles sans père. Heureusement Léa a un beau-père américain, pas toujours à la hauteur de leur attente mais au moins présent dans leur paysage affectif. C'est lui qui leur présente l'Amérique comme un pays de Cocagne. Il faut préciser que nous sommes dans les années soixante et que les USA font bien plus rêver qu'aujourd'hui.
"Un soir, John Palmer rapporta de l'American Legion une machine à pop-corn assortie d'un stock impressionnant de grains de maïs conditionnés dans des filets. Ce fut notre toquade de la saison-toutes les deux, assises bien au centre du cinéma, notre manteau calé sous les fesses, grignotant nos pop-corn salés comme de petites Américaines : nous étions les reines du monde"
Un tournant va s'opérer dans leur relation une nuit où elles dorment ensemble, l'année de leur treize ans. Léa se réveille vers quatre heures du matin.
"Je lui demande pourquoi elle me réveille, en pleine nuit, sa réponse est confuse, elle dit qu'un bruit s'est installé dans sa tête, un bruit qui n'est pas un bruit et qui ne s'arrête pas, et une phrase qui se répète sans fin, une phrase qui l'obsède : il n'y a pas de raison, pas de raison..."
Cette nuit semble être le moment où les chemins des deux filles vont se séparer : Léa, en quête de sens, du pourquoi de l'existence , suivra un sentier tortueux de séjours en maison de correction, en hôpital psychiatrique, voire même en prison pour trafic de drogue alors que la narratrice suivra une route bien banalisée : études supérieures et début dans l'écriture.
D'ailleurs cette dernière s'interroge : pourquoi des parcours aussi différents ? Elle tente une esquisse de réponse.
"Pourquoi ne l'avais-je pas suivie sur le chemin de la drogue, qu'est-ce qui m'avait retenue ? Léa avait tout pris sur elle, pour nous deux. Tout pris à l'intérieur de son corps"
Ces quelques extraits ne rendent pas entièrement justice à ce roman qui reconstitue aussi avec talent le Paris des années soixante et les mille jeux de l'enfance des inséparables, autant de moments de pur bonheur, nullement entachés des soucis de l'âge adulte. Marie Nimier semble avoir éprouvé beaucoup de plaisir à se replonger dans cette période, me confortant dans ce que je pense depuis longtemps: on se languit souvent de son enfance.