God save la France de Stephen Clarke
Christine, une de mes amies, m'a offert il y a quelques jours ce petit pocket rigolo dont le titre original est "A year in the merde" (en référence aux nombreuses déjections canines qui enquiquinent les Parisiens). Je dirais qu'il s'agit de "chick litt" mais avec pour personnage principal un garçon et non une fille. Paul West, notre sympathique héros britannique est embauché par une entreprise française qui veut développer une chaîne de salons de thé. Il débarque donc à Paris, attiré par le fait que les Françaises sont, d'après lui, folles de lingerie fine !
Sa première réunion de travail m'a fait beaucoup rire. Son patron Jean-Marie y fait montre d'un grand talent pour le "franglais" du monde de l'entreprise.
" OK tout le monde. C'est un moment super exciting, commença Jean-Marie. Nous sommes en phase de branching away. Nous volons vers de new horizons. Nous sommes capables, en restant très aware, de réussir dans le fooding. Sans notre boeuf haché, l'industrie française du fast-food n'existerait pas. Nous allons maintenant optimiser nos benefits sur l'Angleterre avec nos futurs tea cafés."
C'est bien simple, on croirait du Jean-Claude Vandamme ! Mais l'univers du travail n'est pas le seul à réserver des surprises à notre "Candide". Sa découverte de la gastronomie française est aussi assez hilarante.
"Noël approchant, les boutiques d'alimentation devinrent encore plus cérémonielles qu'à l'ordinaire. Certaines donnaient à penser qu'elles avaient été le théâtre de sacrifices rituelles. Des lièvres entiers, écorchés, pendaient tête en bas aux crocs du boucher, comme s'ils s'étaient vidés de leur sang par le nez. Un jour, j'aperçus même un sanglier allongé sur le trottoir, comme s'il était en pleine sieste. Quand je repassai devant la boutique deux heures plus tard, la vitrine exposait des quartiers velus. C'était tout ce qui restait de la bête avec la tête accrochée au mur, qui souriait d'un air approbateur.
Les supermarchés installaient des stands dans les rues, où l'on vendait des paniers d'huîtres, des montagnes de crevettes et d'énormes filets de saumon, couchés sur des lits de glace pilée. Les employés des stands frissonnaient et pestaient, les mains bleuies par le vent d'hiver.
Mêmes scènes devant les brasseries spécialisées en fruits de mer. Même par les soirées les plus froides, je voyais des hommes en tablier de caoutchouc se geler les fesses en plein air. Leur travail : perdre des doigts pour causes d'engelures, ouvrir des huîtres, démantibuler des crabes. Pourquoi fallait-il faire ça en pleine rue plutôt qu'en cuisine, mystère. Sans doute les crabes ont-ils meilleur goût avec un léger nappé de pollution, ou bien veut-on laisser sportivement aux langoustes une chance de s'échapper. Fuir par les égoûts et cavaler jusquen Bretagne..."
Evidemment Stephen Clarke n'est pas Montesquieu et Paul West un des Persans inventés par notre écrivain national...lLes ficelles de l'intrigue sont un peu grosses et la charge parfois lourde mais cela reste une lecture très plaisante.
Sa première réunion de travail m'a fait beaucoup rire. Son patron Jean-Marie y fait montre d'un grand talent pour le "franglais" du monde de l'entreprise.
" OK tout le monde. C'est un moment super exciting, commença Jean-Marie. Nous sommes en phase de branching away. Nous volons vers de new horizons. Nous sommes capables, en restant très aware, de réussir dans le fooding. Sans notre boeuf haché, l'industrie française du fast-food n'existerait pas. Nous allons maintenant optimiser nos benefits sur l'Angleterre avec nos futurs tea cafés."
C'est bien simple, on croirait du Jean-Claude Vandamme ! Mais l'univers du travail n'est pas le seul à réserver des surprises à notre "Candide". Sa découverte de la gastronomie française est aussi assez hilarante.
"Noël approchant, les boutiques d'alimentation devinrent encore plus cérémonielles qu'à l'ordinaire. Certaines donnaient à penser qu'elles avaient été le théâtre de sacrifices rituelles. Des lièvres entiers, écorchés, pendaient tête en bas aux crocs du boucher, comme s'ils s'étaient vidés de leur sang par le nez. Un jour, j'aperçus même un sanglier allongé sur le trottoir, comme s'il était en pleine sieste. Quand je repassai devant la boutique deux heures plus tard, la vitrine exposait des quartiers velus. C'était tout ce qui restait de la bête avec la tête accrochée au mur, qui souriait d'un air approbateur.
Les supermarchés installaient des stands dans les rues, où l'on vendait des paniers d'huîtres, des montagnes de crevettes et d'énormes filets de saumon, couchés sur des lits de glace pilée. Les employés des stands frissonnaient et pestaient, les mains bleuies par le vent d'hiver.
Mêmes scènes devant les brasseries spécialisées en fruits de mer. Même par les soirées les plus froides, je voyais des hommes en tablier de caoutchouc se geler les fesses en plein air. Leur travail : perdre des doigts pour causes d'engelures, ouvrir des huîtres, démantibuler des crabes. Pourquoi fallait-il faire ça en pleine rue plutôt qu'en cuisine, mystère. Sans doute les crabes ont-ils meilleur goût avec un léger nappé de pollution, ou bien veut-on laisser sportivement aux langoustes une chance de s'échapper. Fuir par les égoûts et cavaler jusquen Bretagne..."
Evidemment Stephen Clarke n'est pas Montesquieu et Paul West un des Persans inventés par notre écrivain national...lLes ficelles de l'intrigue sont un peu grosses et la charge parfois lourde mais cela reste une lecture très plaisante.