A moi pour toujours de Laura Kasischke
Sous la couverture rose bonbon se cache un roman profondément dérangeant, une exploration sans concession de la noirceur de l'âme humaine. L'héroïne, Sherry Seymour, enseigne la littérature , partage la vie de Jon depuis vingt ans et doit affronter le départ de son fils unique pour l'université. Rien que de très classique, la trame d'un récit peu destiné à éprouver autant son lecteur. Pourtant, dès l'ouverture du roman, la couleur est annoncée, ce sera celle du sang et de la destruction.
" En ouvrant la porte pour sortir ce matin, je découvris une écharpe de sang, gisant dans l'allée enneigée. Comme un mauvais présage, comme une menace, ou encore un sinistre souhait de Saint-Valentin - une marque de pneu, et la fourrure aplatie d'un petit lapin marron. La fleuriste avait dû l'écraser en venant livrer les roses"
Ces fleurs viennent de son époux mais ce ne sera pas le seul hommage de la Saint-Valentin pour Sherry. Dans son casier, à l'université, elle trouve un mot d'amour anonyme. Et voilà que Sherry se surprend à avoir le coeur qui bat, ce coeur qui pendant si longtemps avait battu à l'unisson de celui de son enfant et qui maintenant ne sait plus pour qui ou pour quoi battre. Commence alors la valse hésitation : céder ou pas à ce mystérieux amant, redevenir ou non une femme désirable, chercher ou non à découvrir le sexe avec un nouveau partenaire...Un autre signe va l'alerter sur les dangers de cette liaison, la vue d'une simple fleur dans la chambre de son père mais la couleur est là, annonciatrice du pire.
"C'était le genre de rose qu'on pouvait acheter au supermarché pour un ou deux dollars - mutante, énorme, d'un rouge aveuglant, le genre de fleur que la nature, toute seule, ne pourrait jamais faire fleurir. La science, le commerce et la nature avait dû s'allier pour créer cette rose. Elle penchait dangereusement au-dessus du gobelet dans lequel elle trempait(...).L'ensemble bascula (...). Les pétales, plus vieux et plus lâches qu'ils n'en avaient eu l'air, éparpillés sur le lino, parurent être les vestiges d'une action violente -une carte de Saint -Valentin déchirée en mille morceaux, un petit oiseau rouge mis en pièces par des oiseaux plus vieux et affamés, un combat sanglant entre fleurs."
Qu'importe ce sinistre présage, Sherry va se jeter dans l'adultère pour mille et une bonnes et mauvaises raisons et découvrir par cet acte même l'envers du décor. Elle va s'apercevoir qu'elle ne connaît pas si bien Sue sa meilleure amie, son mari ou même son fils. Elle va explorer ce que cachent les apparences et la leçon sera terrible. Les apparences sont parfois tellement belles: une amie et un mari, tous les deux fidèles depuis vingt ans, un enfant qui ne cessera jamais d'être une partie d'elle,une vie simple et réglée, le bonheur en somme. Mais si ce bonheur était factice, s'il était aussi corruptibles que les fraises que sa voisine lui avait un jour apportées et qu'elle avait oubliées au soleil dans leur sachet? Le rouge toujours, qui annonce la pourriture et la mort !
"Mme Henslin nous avait apporté un sac plein de fraises de son jardin, en guise de cadeau de bienvenue. (...) Je les avais laissées sur la galerie derrière la maison. C'était le mois d'août et au moment où je m'en étais rendu compte et où j'avais ouvert le sac de papier, elles étaient devenues quelque chose qui m'avait fait reculer, horrifiée."
C'est une lecture profondément troublante qui révèle la présence du mal au coeur même de la beauté, au coeur même des instants qu'on imagine les plus heureux.
C'est un livre qui m'a fascinée mais que je regrette presque d'avoir lu tellement cette vision du monde est noire et effrayante.
" En ouvrant la porte pour sortir ce matin, je découvris une écharpe de sang, gisant dans l'allée enneigée. Comme un mauvais présage, comme une menace, ou encore un sinistre souhait de Saint-Valentin - une marque de pneu, et la fourrure aplatie d'un petit lapin marron. La fleuriste avait dû l'écraser en venant livrer les roses"
Ces fleurs viennent de son époux mais ce ne sera pas le seul hommage de la Saint-Valentin pour Sherry. Dans son casier, à l'université, elle trouve un mot d'amour anonyme. Et voilà que Sherry se surprend à avoir le coeur qui bat, ce coeur qui pendant si longtemps avait battu à l'unisson de celui de son enfant et qui maintenant ne sait plus pour qui ou pour quoi battre. Commence alors la valse hésitation : céder ou pas à ce mystérieux amant, redevenir ou non une femme désirable, chercher ou non à découvrir le sexe avec un nouveau partenaire...Un autre signe va l'alerter sur les dangers de cette liaison, la vue d'une simple fleur dans la chambre de son père mais la couleur est là, annonciatrice du pire.
"C'était le genre de rose qu'on pouvait acheter au supermarché pour un ou deux dollars - mutante, énorme, d'un rouge aveuglant, le genre de fleur que la nature, toute seule, ne pourrait jamais faire fleurir. La science, le commerce et la nature avait dû s'allier pour créer cette rose. Elle penchait dangereusement au-dessus du gobelet dans lequel elle trempait(...).L'ensemble bascula (...). Les pétales, plus vieux et plus lâches qu'ils n'en avaient eu l'air, éparpillés sur le lino, parurent être les vestiges d'une action violente -une carte de Saint -Valentin déchirée en mille morceaux, un petit oiseau rouge mis en pièces par des oiseaux plus vieux et affamés, un combat sanglant entre fleurs."
Qu'importe ce sinistre présage, Sherry va se jeter dans l'adultère pour mille et une bonnes et mauvaises raisons et découvrir par cet acte même l'envers du décor. Elle va s'apercevoir qu'elle ne connaît pas si bien Sue sa meilleure amie, son mari ou même son fils. Elle va explorer ce que cachent les apparences et la leçon sera terrible. Les apparences sont parfois tellement belles: une amie et un mari, tous les deux fidèles depuis vingt ans, un enfant qui ne cessera jamais d'être une partie d'elle,une vie simple et réglée, le bonheur en somme. Mais si ce bonheur était factice, s'il était aussi corruptibles que les fraises que sa voisine lui avait un jour apportées et qu'elle avait oubliées au soleil dans leur sachet? Le rouge toujours, qui annonce la pourriture et la mort !
"Mme Henslin nous avait apporté un sac plein de fraises de son jardin, en guise de cadeau de bienvenue. (...) Je les avais laissées sur la galerie derrière la maison. C'était le mois d'août et au moment où je m'en étais rendu compte et où j'avais ouvert le sac de papier, elles étaient devenues quelque chose qui m'avait fait reculer, horrifiée."
C'est une lecture profondément troublante qui révèle la présence du mal au coeur même de la beauté, au coeur même des instants qu'on imagine les plus heureux.
C'est un livre qui m'a fascinée mais que je regrette presque d'avoir lu tellement cette vision du monde est noire et effrayante.