Le complot de Dominus de Peter Ackroyd

Publié le par Armande

Cette lecture m'a ravi pour plusieurs raisons. La première, ce roman est le choix de Keisha dans le cadre du swap "So british", la deuxième, il s'agissait pour moi d'une plongée dans l'inconnu car je ne connaissais ni l'auteur ni la période évoquée : 1399, la dernière année du XIVème siècle. La troisième et dernière, c'est l'écriture, subtil mélange d'ancien Français, de formules latines et d'expressions imagées à la mode à Londres en cette année charnière. Pour exemple cette rencontre entre le médecin Thomas Gunter et le savant Emnot Hallyng, tous les deux membres du même cercle: "Le Vénérable Cénacle des Hommes qui Aiment caresser les Chats. Ce titre pouvait avoir des connotations littérales mais "caresser un chat" signifiait en réalité aborder un problème ou une énigme l'esprit serein et ouvert. La veille au soir, ils avaient disputé de la question: "Si Adam n'avait pas connu Eve, toute l'humanité aurait-elle été masculine ?""
Nous sommes en 1399 et Henry Bolingbroke cherche à déposer le peu populaire roi Richard . Des complots s'ourdissent dans l'ombre pour hâter la fin de règne de Richard, dont le complot de Dominus. En dire plus à ce sujet serait trop dévoiler une intrigue subtile, construite sur le principe des poupées russes : un complot cache un autre complot qui en cache un autre...
J'ai adoré la construction du récit, qui se réfère aux Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer. L'histoire nous est narrée dans sa chronologie mais en épousant des points de vue différents selon le personnage qui est au centre du chapitre ( le dit chapitre étant nommé conte).
J'ai particulièrement apprécié Le conte du cuisinier. Des personnages importants de l'histoire se retrouvent  à la coquina de Roger de Ware, auberge fort réputée : "D'épais effluves de toutes les venaisons, surlonges et rouelles se mêlaient aux saveurs plus délicates des brochets et des tanches; l'odeur de relent de l'anguille se conjuguait à l'évent du cochon, la vitesse du hareng à la lenteur du boeuf. C'était là le point et le contrepoint du livre de chants de l'odorat. Telle cuisine était une menue république des odeurs. "  Un autre conte qui m'a plu, c'est celui du pardonneur, le délivreur d'indulgenges de l'hôpital Saint-Antoine: " A l'angle de Wood Street et de Cheapside se trouvait antique chêne qu'on appelait l'arbre à Canut. Y accrochait des amulettes, à la fois pour l'arbre lui même et lui requérir accorder à ses bienfaiteurs présent de longue vie. Les oiseaux de Londres affectionnaient cet arbre et se réunissaient en foule sur sa ramure; ils y étaient en sécurité car nul enfant n'aurait osé leur poser des pièges ou les tuer à la fronde, et pas même avec des lacets en crin dans la neige hivernale.La croyance populaire voulait que les oiseaux y chantassent en latin et en grec et que leurs chants ne durassent pas plus longtemps qu'un Ave Maria.
A quelques verges de cet arbre s'intallait le pardonneur de l'hôpital Saint-Antoine, Umbald d'Arderne; il était également connu pour être questeur ou enquêteur public, mais son rôle principal consistait à vendre pardons ou indulgences papales. L'indulgence était rémission des châtiments dans les feux du Purgatoire, et de ce fait fort prisée. Avait aussi sur lui reliques à vendre, de même fioles d'eau bénite et remèdes pour maintes maladies; était un véritable marchand d'Eglise."
Pour qui aime l'Histoire et les reconstitutions vivantes de celle-ci, c'est une fantastique roman !

Publié dans littérature anglaise

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K
Je suis ravie d'être si bien tombée, j'avais fignolé mon choix aussi ...
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A
<br /> Ce livre , tu l'auras compris, m'a vraiment enthousiamée ! Encore merci !<br /> <br /> <br />