La femme qui se cognait dans les portes de Roddy Doyle
Roddy Doyle a écrit un récit poignant, qui m'a émue jusqu'aux larmes. Paula Spencer, jeune femme dublinoise, mère de quatre enfants, régulièrement battue par son mari, apprend que celui-ci a été abattu par la police lors d'une prise d'otage qui a mal tourné. Elle se retourne vers son passé et de dénis en confidences nous raconte son long calvaire qui a duré dix-sept ans. Elle aurait tellement voulu que sa famille, ses amies, le personnel hospitalier la questionnent sur ses multiples blessures mais cela n'arrivait jamais comme si la violence dont elle était victime ne concernait personne, à part elle.
"Questionnez-moi. Questionnez-moi. Questionnez-moi.
Allons-y.
Nez cassé. dents déchaussées. Côtes fêlées. Fracture du doigt. Yeux au beurre noir. Je ne sais plus combien; une fois, j'en ai eu deux en même temps, l'un qui s'estompait, l'autre tout frais. Epaules, coudes, genoux, poignets. Points de suture dans la bouche.Points au menton. Un tympan crevé. Brûlures de cigarettes sur les bras et sur les jambes. Il m'a bourrée de coups de poings, de coups de pied, il m'a bousculée, brûlée.(...) Il a tué des parties de moi. Il a tué la plus grande partie de moi. Il m'a tuée tout entière. Contusionnée, brûlée et brisée. Envoûtée, tourmentée, abrutie. Dix-sept ans de calvaire. Il n'a jamais arrêté. Les mois défilaient et il ne se passait rien, mais c'était toujours latent-la promesse qu'il allait arrêter."
Comme souvent chez les femmes battues, elle pense au départ qu'elle est responsable de la violence de son mari et se sent coupable de la déclencler. Paula persiste aussi à croire que malgré les coups qu'il lui assène, il l'aime.. Un jour, cependant, elle se décide à le chasser se transformant en furie car Charlo a porté un regard sur Nicola, leur fille aînée qui lui laisse penser qu'à présent, il va aussi s'acharner sur leur enfant. Qu'il la frappe, elle l'accepte mais pas ses enfants ! Son regard par la suite évolue sur le mécanisme de la violence.
"On ne peut pas aimer quelqu'un un instant et, celui d'après, le battre, et puis de nouveau l'aimer, une fois que le sang est nettoyé"
Un autre aspect du livre m'a beaucoup touchée, c'est le rappport que Paula entretient avec les livres et la littérature. Elle ne commence à faire la lecture à Jack son petit dernier que parce qu'elle a vu une publicité où un père et son fils, blottis l'un contre l'autre, lisaient un livre. Jamais autrement l'idée ne lui serait venue de lire avec Jack "Winnie l'Ourson"
"J'y prends plus de plaisir que mon pauvre petit Jack. Je le trouve carrément rigolo. Le monde qui lui sert de décor, c'est merveilleux. Jean-Christophe organise toujours des fêtes. C'est bon pour lui, le petit sacripant; il n'a rien à payer"
Paula voue une vénération aux livres qui la pousse à sauver de la poubelle les romans qu'elle trouve dans les locaux où elle fait le ménage. "Plusieurs fois, j'ai trouvé des livres dans des corbeilles. La première fois, je n'en croyais pas mes yeux. Un livre! Jeté aux ordures! Un pavé de cinq cents pages. Danielle Steele. C'était de la merde mais j'ai adoré. Maintenant, j'en ai sept dans ma chambre, rangés par ordre alphabétique. Tous sauvés de la corbeille."
A la fin du roman , le lecteur ignore si Paula, la courageuse, Paula qui s'est toujours relevée de terre après avoir été battue, trouvera le courage d'arrêter l'alcool (qui lui a permis d'endurer toutes ses souffrances) et saura se reconstruire. Devenir autre chose qu'une femme qui se cogne dans les portes, devenir Paula Spencer, femme au grand coeur qui mérite qu'on l'aime et qu'on la respecte.
"Questionnez-moi. Questionnez-moi. Questionnez-moi.
Allons-y.
Nez cassé. dents déchaussées. Côtes fêlées. Fracture du doigt. Yeux au beurre noir. Je ne sais plus combien; une fois, j'en ai eu deux en même temps, l'un qui s'estompait, l'autre tout frais. Epaules, coudes, genoux, poignets. Points de suture dans la bouche.Points au menton. Un tympan crevé. Brûlures de cigarettes sur les bras et sur les jambes. Il m'a bourrée de coups de poings, de coups de pied, il m'a bousculée, brûlée.(...) Il a tué des parties de moi. Il a tué la plus grande partie de moi. Il m'a tuée tout entière. Contusionnée, brûlée et brisée. Envoûtée, tourmentée, abrutie. Dix-sept ans de calvaire. Il n'a jamais arrêté. Les mois défilaient et il ne se passait rien, mais c'était toujours latent-la promesse qu'il allait arrêter."
Comme souvent chez les femmes battues, elle pense au départ qu'elle est responsable de la violence de son mari et se sent coupable de la déclencler. Paula persiste aussi à croire que malgré les coups qu'il lui assène, il l'aime.. Un jour, cependant, elle se décide à le chasser se transformant en furie car Charlo a porté un regard sur Nicola, leur fille aînée qui lui laisse penser qu'à présent, il va aussi s'acharner sur leur enfant. Qu'il la frappe, elle l'accepte mais pas ses enfants ! Son regard par la suite évolue sur le mécanisme de la violence.
"On ne peut pas aimer quelqu'un un instant et, celui d'après, le battre, et puis de nouveau l'aimer, une fois que le sang est nettoyé"
Un autre aspect du livre m'a beaucoup touchée, c'est le rappport que Paula entretient avec les livres et la littérature. Elle ne commence à faire la lecture à Jack son petit dernier que parce qu'elle a vu une publicité où un père et son fils, blottis l'un contre l'autre, lisaient un livre. Jamais autrement l'idée ne lui serait venue de lire avec Jack "Winnie l'Ourson"
"J'y prends plus de plaisir que mon pauvre petit Jack. Je le trouve carrément rigolo. Le monde qui lui sert de décor, c'est merveilleux. Jean-Christophe organise toujours des fêtes. C'est bon pour lui, le petit sacripant; il n'a rien à payer"
Paula voue une vénération aux livres qui la pousse à sauver de la poubelle les romans qu'elle trouve dans les locaux où elle fait le ménage. "Plusieurs fois, j'ai trouvé des livres dans des corbeilles. La première fois, je n'en croyais pas mes yeux. Un livre! Jeté aux ordures! Un pavé de cinq cents pages. Danielle Steele. C'était de la merde mais j'ai adoré. Maintenant, j'en ai sept dans ma chambre, rangés par ordre alphabétique. Tous sauvés de la corbeille."
A la fin du roman , le lecteur ignore si Paula, la courageuse, Paula qui s'est toujours relevée de terre après avoir été battue, trouvera le courage d'arrêter l'alcool (qui lui a permis d'endurer toutes ses souffrances) et saura se reconstruire. Devenir autre chose qu'une femme qui se cogne dans les portes, devenir Paula Spencer, femme au grand coeur qui mérite qu'on l'aime et qu'on la respecte.