Non merci !

Publié le par Armande

Christine, une amie documentaliste , m'a prêté au mois de juin des romans de littérature jeunesse susceptibles d'être retenus dans le cadre du prix Trégor-ados. J'ai particulièrement apprécié le livre de Claudine Le Gouic-Prieto qui nous raconte le quotidien de Théo, douze ans, handicapé moteur de naissance et interne dans un centre spécialisé. Un jour, il décide de faire la "grève des mercis". En effet, du matin au soir, il les distribue à tout le personnel qui s'occupe de lui: de l'aide-soignante au kiné. C'est un moyen pour lui de franchir une étape, pour ne plus avoir à dire aussi souvent merci, il va devenir de plus en plus autonome de façon à "économiser" les mercis. S'il s'habille seul, il n'a plus besoin de remercier l'aide-soignante qui l'aidait dans cette tâche. Il va aussi apprendre à rendre service aux autres, par exemple participer à l'encadrement des plus jeunes , ce qui lui vaudra des mercis de la part des éducateurs.
Au delà du personnage de Théo, l'auteur évoque l'attitude des parents, de la mère qui ne veut pas quitter son ancienne maison pour une autre, plus adaptée au handicap de son fils. Ce changement permettrait à Théo de ne plus être interne mais sa mère est-elle prête à l'accepter au quotidien? Le père, lui, ne vient que très rarement voir son fils à l'internat. Au départ, le lecteur s'imagine qu'il ne peut assumer le handicap de Théo mais la suite du roman nous montre surtout que lui aurait souhaité garder Théo à la maison et que c'est  la honte d'avoir "placé" son garçon dans ce centre qui l'empêche de venir le voir plus souvent. Claudine Le Gouic-Prieto ne porte pas de jugement à l'emporte-pièce sur les parents, confrontés aux difficultés de leur enfant et à ce sentiment sans fondement mais tenace qu'ils sont "coupables" d"avoir mis au monde un enfant handicapé.
Ce roman, qui ressemble à un journal de bord, nous parle du handicap sans pathos et délivre un message d'espoir: d'ailleurs, Théo, à la fin de l'histoire, va initier un autre garçon au carnet des mercis (le carnet sur lequel il notait au jour le jour tous les mercis qu'il n'avait pas eu à dire et tous ceux qu'il avait reçus .) pour qu'il prenne, comme lui, le chemin de l'autonomie.

Publié dans littérature jeunesse

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article