Les belles choses que porte le ciel de Dinaw Mengestu

Publié le par Armande

                                   Un livre poignant qui serre le coeur
   Très beau roman qui évoque avec infiniment de douleur retenue le sort des exilés... Le titre, au départ énigmatique, est un des clés du récit. Trois jeunes Africains, Sépha l'Ethiopien, Joseph, le Congolais et Kenneth le Kenyan, ont quitté leur pays dans des circonstances souvent dramatiques et ont "échoué" un peu par hasard à Washington. Ils ont fait connaissance au Capitol Hotel où tous trois étaient bagagistes.
   Joseph, qui a suivi quelques cours sur le campus de Georgetown, a retenu ces quelques vers de La divine Comédie de Dante" : "Par un pertuis rond je vis apparaître/ Les belles choses que porte le ciel. Nous avançâmes, et une fois encore, vîmes les étoiles". Dante sort de l'enfer et voit enfin la beauté du monde. Pour Joseph, c'est aussi ce qui attend des jeunes hommes comme eux, quitter l'Afrique pour l'Amérique où tout est possible, surtout le meilleur.
   L'histoire débute dix-sept ans après l'arrivée de Sépha aux Etats-Unis. Les rêves de réussite se sont évanouis et il vivote en tenant une petite épicerie de quartier dans une zone défavorisée. Peu à peu le quartier est réhabilité et une population plus aisée, à majorité blanche, vient s'installer dans des maisons restaurées à grands frais. Le narrateur rencontre  alors Judith, une universitaire blanche séparée de son mari mauritanien et mère d'une petite fille métisse. Il se prend de nouveau à espérer en une vie pas seulement meilleure, en une vie tout simplement qui ait un sens.
   Ses racines sont en Ethiopie, pays où il ne peut, pour des raisons politiques, rentrer. Avec Judith et Naomi, il pourrait peut-être tenter de réellement s'installer sur le sol américain et ne plus être dans cet entre-deux-mondes où lui et ses deux amis sont "coincés" depuis des années.
   "Que disait toujours mon père, déjà ? Qu'un oiseau coincé entre deux branches se fait mordre les ailes. Père, j'aimerais ajouter mon propre adage à ta liste : un homme coincé entre deux mondes vit et meurt seul. Cela fait assez longtemps que je vis ainsi, en suspension".
   Judith quitte le quartier après l'incendie de sa maison, trop rutilante sans doute dans cet environnement modeste et Sépha retrouve sa solitude, homme de nulle part, pétri de nostalgie ,vivant dans ses souvenirs et dans les livres, incapable d'exister là et maintenant : éternel exilé...
Je remercie Suzanne de "Chezlesfilles" et Le livre de poche pour cette lecture.
               
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