Au couvent des Petites Fleurs de Indu Sundaresan
Reçu hier, dévoré dans la soirée... Au départ de cette lecture, il y a la couverture, remarquée sur le blog de Keisha. Le bleu intense éclabousse l'image et la robe claire et dansante de la petite fille apporte mouvement et vie : une petite fleur qui gravit , qui survole plutôt les marches d'un grand escalier... la couverture évoque le titre du recueil et le lieu où l'héroïne de la première nouvelle a passé ses six premières années.
Padmini (qui signifie fleur de Lotus) est une ancienne "petite fleur", c'est à dire une petite fille confiée aux soins de ce couvent pour qu'elle soit adoptée. Un couple d'Américains, Tom et Diana Merrick, l'a élevée avec amour, un amour qui est né dès qu'ils l'ont vue " Tu faisais une partie de cache-cache avec tes amies entre les branches du banian. C'était toi qui cherchais les autres en dansant et en chantant entre les racines de l'arbre. Je ne me souviens plus de l'air ni des paroles en tamoul. Toute petite déjà, tu avais une voix envoûtante, mélodieuse. Diana Merrick est immédiatement tombée sous le charme en te voyant, les cheveux collés sur le front par la sueur, les bras et les jambes noirs de poussière, les pieds nus couleur de boue". Padmini, depuis son adoption, ne s'était plus préoccupée de sa mère biologique ni de son pays d'origine et voilà que les deux se rappellent à elle par la lettre que lui adresse Soeur Marie-Thérèse, la directrice de l'institution... Ouvrir ou fermer la porte aux souvenirs, la jeune femme va devoir choisir.
Les nouvelles écrites par Indu Sundaresan nous parle de l'Inde d'aujourd'hui, où perdurent dans certains villages isolés des pratiques ancestrales aussi barbares que le "sati". Dans "L'épouse fidèle", Ram, un jeune journaliste retourne sur les lieux de son enfance à Pathra, prévenu par sa grand-mère que les Anciens ont accepté qu'une jeune mariée de douze ans partage le bûcher funéraire de son vieux mari récemment décédé.Cette coutume, illégale depuis 1829, se déroulera pourtant sous les yeux des "hommes, femmes, enfants, jusqu'aux bébés dans les bras de leurs mères, tous (rassemblés), le visage impassible, les regards brûlant d'une flamme fanatique" . Et me direz-vous, comment a réagi, le reporter,fortement occidentalisé, face à cet acte monstrueux... L'auteur, avec beaucoup de psychologie, nous montre qu'il n'est jamais simple de braver les siens et les traditions.
Lire ces nouvelles, je n'en évoque que deux mais toutes sont intéressantes, c'est plonger dans l'Inde contemporaine et partager le quotidien de gens simples alors qu'ils traversent une crise. C'est parfois opiner du chef et se dire, tiens j'aurais agi de la même manière, c'est parfois aussi rester interloquée par le choix effectué, réagissant ainsi en Occidentale pour qui le système des castes par exemple reste quelque chose de difficile à appréhender.
Merci à Louise Leguay des éditions Michel Lafon de m'avoir fait découvrir Indu Sundareson.